Laurence Lefèvre, Directrice des Sports

Laurence Lefèvre a été nommée le 9 mai dernier au poste de Directrice des sports. Ancienne professeur d’éducation physique, elle a gravi tous les échelons, et c’est riche de toutes ses expériences qu’elle envisage ce nouveau poste, comme synonyme d’un nouveau challenge.

"Un des forts enjeux de l’inclusion réside aussi dans la sensibilisation et la formation des acteurs du sport”

De nombreux pays qui avaient misé sur l’inclusion totale, avec pour conséquence, l’abandon de toutes les activités en dehors du haut niveau, dont celles au bénéfice des grands handicapés, aspirent à nouveau à renouer des conventions actives avec les autres acteurs dont les fédérations spécifiques (sport adapté/ handisport).

La mission essentielle de « Directeur des Sports » est bien souvent méconnue du grand public, pouvez-vous l’expliquer en quelques mots ?
En tant que Directrice des Sports, j’ai la charge d’animer les services de la direction des sports, dont l’objet est la promotion d’une pratique physique et sportive de qualité, dans un cadre sécurisé et pour le plus grand nombre. Il s’agit d’impulser et de conduire des actions s’appuyant sur les fédérations sportives, les services territoriaux de l’État, un réseau d’établissements publics axé sur l’entraînement et la formation, et en partenariat avec un réseau d’autres acteurs institutionnels. Pour conduire ces missions, la direction des sports s’appuie sur ses 152 agents répartis en trois sous-directions, trois missions et un service à compétence nationale. La sous-direction de la formation et de l’emploi est compétente pour les diplômes professionnels du sport et de l’animation.

À l’éclairage de votre expérience au sein du Ministère de la Santé, que pensez-vous de la France quant à l’intégration des personnes handicapées dans la société, et notamment dans le sport ?
L’accès à une vie sociale et citoyenne complète pour les personnes en situation de handicap est l’une des ambitions affichées par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. C’est l’objectif réaffirmé par le Président de la République lors de la conférence nationale du handicap. Ainsi, le développement de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap s’inscrit pleinement dans le cadre de cette loi. Il est donc de la responsabilité de l’ensemble des acteurs de la société de veiller à ce que les différents secteurs de la vie sociale, dont le secteur sportif, soient accessibles aux personnes en situation de handicap. Cependant, il existe encore des freins. À titre d’exemple, l’accessibilité des équipements sportifs et plus généralement des lieux publics est encore perfectible. Un des forts enjeux de l’inclusion réside aussi dans la sensibilisation et la formation des acteurs du sport, allant de l’enfance à l’âge adulte.

Selon vous, quels rôles doivent jouer les fédérations spécifiques liées au handicap dans le paysage sportif ?
La délégation qui leur est octroyée leur confère une compétence générale pour le développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Cependant, il convient aussi d’encourager les fédérations homologues volontaires à se structurer afin d’être en capacité de gérer, organiser et développer la pratique pour les personnes en situation de handicap. C’est aussi par là que passe une réelle inclusion par le sport. Les fédérations spécifiques doivent donc proposer leur expertise et leurs compétences aux autres fédérations. L’enjeu est de parvenir à travailler ensemble, main dans la main.

Quel est votre sentiment sur ce point ?
Je pense qu’il faut avoir une approche pragmatique et concrète des cas de figure. C’est dans cette perspective que l’étude des demandes de délégation se fera en tenant compte de l’organisation internationale de la discipline concernée et en concertation avec le mouvement paralympique. Nous devons collectivement viser le meilleur développement et le meilleur accompagnement de nos sportifs de haut niveau en quête de performances.

Vous êtes nommée quelques mois avant l’échéance olympique et paralympique de Rio. Comment jugez-vous la préparation et l’ambition de nos équipes olympique et paralympique ?
La dernière phase de préparation est intense. Concernant la préparation de la délégation paralympique, les derniers quotas et donc les derniers athlètes sélectionnés sont désormais connus. Cela permet ainsi de se projeter dans la compétition d’une manière plus concrète. L’ensemble des acteurs en charge du sport de haut niveau et de la préparation aux JOP est dans la dernière ligne droite afin d’honorer du mieux possible les ambitions des sportifs et de leur délégation.

Quelles sont vos attentes pour l’Equipe de France aux Jeux Paralympiques ?
Lors des derniers Jeux Paralympiques d’été à Londres en 2012, la France s’était classée 16e avec 45 médailles (8 or, 19 argent, 18 bronze). Je rappelle l’objectif fixé par les ministres après les Jeux de Londres : intégrer le top 10 des meilleurs nations.

Auriez-vous un mot à dire à notre équipe avant son départ pour Rio ?
Pas qu’un seul ! Allez l’équipe de France paralympique ! Qu’au nom du CPSF, elle porte haut les couleurs du handisport, du sport adapté, du para-canoë, du para-aviron, et du para-triathlon français ! // Propos recueillis par M.Mainguy

Plus d’infos sur : www.sports.gouv.fr

BIO & REPÈRES
LAURENCE LEFÈVRE

55 ans, diplômée de l’ENA, titulaire d’une maitrise en sciences et techniques des activités physiques et d’une licence en droit public
2016 : nommée directrice des sports
2013-2016 : directrice de cabinet de la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion
2010-2013 : directrice de la jeunesse et des sports à la ville de Paris
2007-2010 : directrice générale des services du conseil régional de Picardie
2003-2007 : sous-directrice de la petite enfance à la ville de Paris
2000-2003 : directrice générale adjointe du Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations
1998 à 2000 : sous-préfète de l’arrondissement de Limoux (Aude)
1995-1998 : cheffe du bureau de la santé mentale, de la toxicomanie et des dépendances au ministère des Affaires sociales et de la Solidarité
1982-1992 : professeur d’éducation physique