Guider son collectif, par Olivier Cusin
En l’espace de quelques années passées à la tête de l’équipe de France de rugby fauteuil, Olivier Cusin a acquis une précieuse expérience de la gestion d’un collectif à l’approche de grandes échéances internationales (Championnats d’Europe, du Monde et Jeux Paralympiques). Un savoir faire qu’il n’hésite pas à partager avec le plus grand nombre, même s’il l’avoue, garder quelques bottes secrètes.
Le patron de l’équipe de France de rugby fauteuil travaille sur la durée. Ainsi, pour lui le coaching de son groupe s’élabore à son domicile, bien en amont des différentes échéances et à la lumière des analyses vidéos, et des données recueillies via différentes sources. « Je prépare les différentes tactiques, les objectifs individuels et collectifs après avoir fait ma liste de joueurs » précise t-il. Il faut en effet pouvoir donner un rôle à chacun et être clair sur les attentes. Un point essentiel qui permet d’amorcer la cohésion de groupe.
Les voyages, une opportunité à saisir
C’est souvent à l’occasion des trajets menant aux compétitions que les intentions et attentes de l’entraîneur sont dévoilées. « C’est un moment propice où tout le monde est disponible. Je distribue des fiches en fonction des matchs. Elles tiennent compte des adversaires, des joueurs composant chaque line up, et des objectifs à atteindre ». À ces entretiens individuels s’ajoute une courte réunion collective où les erreurs communes sont rappelées afin que chacun prenne ses responsabilités. Le ton est toujours positif, même si le discours devient finalement plus modulable en tête à tête.
Le coaching, une activité psychologique
Car au final Olivier Cusin a face à lui bien plus qu’un groupe : une somme d’individualités auxquelles il doit adapter son discours « Ils ont tous en commun une grande force de caractère. Mais les ressorts de leur motivation sont tous différents. Certains auront besoin d’être poussés dans leurs derniers retranchements, d’autres d’être rassurés, voire flattés. Il faut avant tout savoir déceler le fonctionnement psychologique des athlètes auxquels on s’adresse afin d’adapter le discours pour faire passer le bon message. Cela demande du temps et beaucoup de patience. » Un temps exploité pour faire du sur-mesure.
À l’épreuve du feu
C’est en compétition que ce travail préparatif prend tout son sens. Les paramètres sont nombreux, et Olivier Cusin a deux approches distinctes. Celle qu’il adopte pour un tournoi de préparation est très différente de celle d’un tournoi à enjeu, tel que le Tournoi de Qualification Paralympique qui a eu lieu en avril dernier à Paris, ou un championnat. « Le résultat pur importe peu sur un tournoi de préparation. Il est fait pour expérimenter de nouvelles choses, ou valider des choses déjà essayées dans le passé. A contrario, un tournoi officiel devra se jouer sur des bases solides. On ne fait que ce qu’on maîtrise ». Ainsi le joueur est mis dans des dispositions très différentes. Dans le premier cas, la validation des objectifs n’est pas liée à une performance mais à la capacité à réaliser une prestation en fonction des consignes. La répétition est souvent un critère prépondérant. D’autre part, tous les joueurs convoqués sont amenés à jouer, quitte à réduire la taille du groupe en fonction des thématiques de travail. La cohésion de groupe prend alors racine à cette occasion.
Rester fidèle à soi-même
Le coaching est un art. Dans le feu de l’action, la personnalité de l’entraîneur ressort plus que jamais. Olivier Cusin distingue deux grandes catégories d’entraîneur. Le pilote, qui accompagne ses athlètes, vers le bon geste, la bonne consigne en conservant une marge d’échange. Il est dans la discussion et s’autorise à revoir sa position en fonction des remarques formulées par ses athlètes. Un positionnement opposé à l’entraîneur directif, qui lui, impose ses choix sans forcément s’astreindre à de longues explications. Pour le patron du rugby fauteuil tricolore, les deux attitudes sont valables. L’entraîneur ne doit pas jouer un rôle, mais se positionner en fonction de sa personnalité. Quel que soit ce positionnement il doit, au final, être capable de prendre ses responsabilités en assumant ses choix.
Analyser les échecs et les succès pour aller de l’avant
Faire table rase de tout un système est tentant au lendemain d’un échec, mais c’est certainement l’attitude la plus destructrice qui soit. Olivier Cusin rappelle l’importance du questionnement avant toute prise de décision. Il est surtout primordial de terminer sur une note positive « Même dans un échec, tout n’est pas négatif. Il y a toujours des choses qui ont été bien faites. Plus que tout, il ne faut absolument pas revenir sans cesse sur des erreurs individuelles. Le groupe, dans son ensemble doit être concerné ». Chaque succès devra également obéir à ce questionnement, car là aussi, des marges de progrès existent.
// A. Daviré
Question / réponse
Par Xavier Bachimont, responsable promotion et relations presse de la Fédération Française Handisport
Comment comprendre les règles et les catégories paralympiques ?
L’un des grands défis que nous devons relever durant les Jeux est de permettre au grand public mais également aux médias de comprendre les spécificités des disciplines paralympiques, et d’y voir plus clair dans les classifications. Nous sommes convaincus qu’avec un peu de pédagogie pour mieux comprendre les sports, et l’incidence du handicap sur la pratique, l’intérêt de la performance n’en sera que plus appréciable. Grâce au soutien du CNDS, de Malakoff Mederic et de France Télévisions, ainsi qu’à l’expérience de la société de production 2p2l, nous avons créé le programme “Paralymquoi ?”. Composé de vidéos ludiques et de courtes animations, il expliquera au grand public les différents sports et les 120 catégories de handicaps représentées aux Jeux Paralympiques. Au total ce sont plus de 23 animations 3D et 120 illustrations qui vont être réalisées, avec l’aide précieuse de classificateurs et de spécialistes de chaque discipline. Paralymquoi ? est composé de deux programmes complémentaires : une série de 23 épisodes, qui expliqueront les spécificités de chaque disciplines : adaptations règlementaires, matériel utilisé, handicaps concernés ; mais aussi, une série de plus de cent programmes qui présenteront les 102 classifications aux Jeux. Pour chaque catégorie de chaque discipline nous préciserons les principaux types de pathologies, l’incidence du handicap sur la pratique ainsi que les règles spécifiques à la catégorie.
Toutes ces vidéos seront diffusées sur les antennes de France Télévisions pendant les directs, elles seront également accessibles dès début septembre sur le site france-paralympique.fr et francetvsport.fr. Nous nous appuierons aussi sur les réseaux sociaux, et notamment le Club des supporters Handisport, qui compte près de 200.000 fans, pour sensibiliser un maximum de personnes.
Si fin septembre après les Jeux, nous n’entendons plus dire « JO Paralympiques », ou « Jeux Olympiques pour handicapés », ou que l’on ne comprend rien aux règlements et classifications, alors nous aurons réussi notre pari !