Les Jeux Paralympiques de Rio 2016 : Missao Rio !
MISSÃO RIO* !
Les habitants de Rio, plus connus sous le nom de « Cariocas » s’apprêtent à accueillir les premiers Jeux Olympiques et Paralympiques d’Amérique du Sud de l’histoire ! Du 7 au 18 septembre 2016, plus de 4350 sportifs venus de 176 pays seront présents pour en découdre au cours de la XVe édition des Jeux Paralympiques d’été. Durant onze jours, les meilleurs sportifs paralympiques de la planète se disputeront pas moins de 528 podiums. 126 athlètes tricolores engagés dans 17 sports du programme paralympique feront vibrer la France avec pour mission de retrouver le TOP 15 des nations.
23 sports au programme
Tous les Brésiliens se sont mobilisés pour cet événement mondial majeur. Pas moins de 30 000 bénévoles se sont portés volontaires pour faire de cette édition une franche réussite. C’est avec fierté qu’ils l’accueillent et voient en cette manifestation, au-delà même du sport, une promesse nationale de progrès. Athlétisme, aviron, basket fauteuil, boccia, cécifoot (foot à 5), canoë, cyclisme sur route, cyclisme sur piste, équitation, escrime fauteuil, football à 7 debout, goalball, haltérophilie, judo, natation, rugby fauteuil, tennis, tennis de table, tir à l’arc, tir sportif, triathlon, voile, volley (assis), telle est la liste des disciplines accueillies à Rio durant le mois de septembre prochain.
Les Jeux Paralympiques accueilleront cette année deux nouveaux sports : le canoë et le triathlon. La course en ligne en canoë est un sport récent que la fédération internationale a lancé depuis 2009 afin de rendre cette pratique accessible à tous les sportifs, y compris ceux en situation de handicap. Le triathlon quant à lui, a mis en place sa première compétition internationale Paralympique en 1996 à Cleveland aux USA et c’est le 11 décembre 2010 que l’IPC a pris la décision de l’intégrer aux Jeux de Rio 2016.
L’équipe de France
Composée de 126 sportifs et de 104 membres du staff (technique, médical et administratif), la délégation française sera conduite par Emmanuelle Assmann, chef de la Délégation et présidente du CPSF, et par Jean-Claude Druvert, Chef de mission. Regroupée à Paris à partir du 31 août, l’équipe de France s’envolera pour le Brésil sur 4 vols Air France, les 1er et 2 septembre, puis les 5 et 9 septembre pour le cyclisme, l’escrime, le triathlon et le canoë. Les athlètes de la FFH seront engagés dans 14 des 23 sports présents au programme des Jeux Paralympiques de Rio : athlétisme, basket fauteuil (féminin), cyclisme sur route, équitation, escrime fauteuil, haltérophilie, judo, natation, rugby fauteuil, tennis fauteuil, tennis de table, tir à l’arc, tir sportif et voile. À cela s’ajoutent trois disciplines, gérées par d’autres fédérations sportives, à savoir l’aviron, le canoë et le triathlon.
Avec 8 médailles d’or, 19 d’argent, 18 de bronze, soit 45 médailles au total, la France avait pris la 16e place au classement des nations à la clôture des Jeux Paralympiques de Londres (classement établi en fonction du nombre de médailles d’or).
Il y a quelques semaines, Andrew Parsons s’exprimait sur la venue des Bleus : « Je souhaite que l’équipe française quitte le Brésil avec l’image d’un pays, d’une ville, d’un comité d’organisation capable d’avoir organisé des Jeux, non seulement avec excellence, mais aussi avec de la joie, de la fierté et toute la bonne ambiance dont les brésiliens sont capables. J’espère que l’équipe de France profitera de Rio, cette ville incroyable, et rentrera chez elle satisfaite de son événement, avec une bonne image de notre pays. Enfin et surtout, je souhaite qu’ils rentrent avec des médailles plein leurs valises. »
4 zones paralympiques
À Rio, quatre zones de compétition, déployés aux quatre coins de la ville recevront l’ensemble des épreuves. Barra, accueillera dix sports (natation, basket, rugby fauteuil, boccia, judo, cécifoot, tennis fauteuil, athlètescyclisme, haltérophilie et tennis de table), Deodoro, situé au nord de la ville regroupera les épreuves d’escrime, équitation et tir sportif, la zone de Maracana avec son célébrissime stade qui accueillera les cérémonies d’ouverture et de clôture, comporte également le stade Olympique pour les épreuves d’athlétisme et le sambodrome, célèbre pour le carnaval de Rio, qui verra se disputer le tir à l’arc. Enfin, Copacabana et ses plages légendaires sera le théâtre de tous les sports nautiques, aviron, canoë, voile, ainsi que du triathlon et du marathon.
Bem-Vindo ao Brasil
À l’issue de sept années de préparation, la ville de Rio a subi une véritable métamorphose, que nous explique Alexandre Bazire, attaché olympique, et support à la délégation paralympique, placé auprès du Consulat Général de France à Rio : « Rio est une ville extraordinaire qui dégage beaucoup d’énergie mais qui paradoxalement était à l’arrêt en terme de travaux, ce qui est un vrai paradoxe. Les Jeux ont permis de réaliser des projets structurels qui étaient dans les cartons depuis un moment, tels que la revitalisation du centre ville, le secteur du port avec la réhabilitation du quartier. » Une ville désormais prête à accueillir sportifs, staffs, bénévoles, supporters et journalistes pour la plus grand fête du sport au monde.
Par ailleurs, si le thème de la cérémonie d’ouverture est tenu précieusement secret, nul doute que le célèbre sens de la fête des Brésiliens sera mis à l’honneur, ambiance carnaval, samba et sourires garantis pour une fête qui s’annonce performante et grandiose. // M. Mainguy
Le Village paralympique des athlètes
Entretien avec Pierrick GIRAUDEAU
Si cinq fédérations sont engagées au sein de l’Équipe de France Paralympique pour ces Jeux d’été de Rio 2016, l’Aviron, le Canoë Kayak, le Triathlon, le Sport Adapté et bien sûr Handisport, nous avons laissé la parole à Pierrick Giraudeau, DTN adjoint en charge du haut-niveau au sein de la FFH, pour décrire le profil du collectif France Handisport au départ pour Rio.
Comment se compose l‘équipe de France ?
La délégation paralympique sera composée de 126 sportifs (dont deux guides et un barreur valide) dont un peu plus de 100 dans les disciplines gérées directement par la Fédération Française Handisport. Sur les 23 sports paralympiques au programme de Rio, 17 sont de la responsabilité d’handisport, et nous serons engagés dans 15 d’entre elles. En effet, la FFH n’a pas qualifié de sportifs dans trois disciplines: la boccia, le cécifoot et le goalball. Cette centaine de sportifs sera accompagnée par environ 100 cadres, répartis par le CPSF en trois grandes familles : médical et para-médical, staff sportif, et staff général.
Le nombre et la composition des staffs par discipline ont été déterminés en prenant en compte trois critères. En premier lieu, la capacité du sport à obtenir des titres paralympiques, puis, la prise en compte de handicaps spécifiques ou nécessitant un accompagnement particulier dans le sport ou la vie quotidienne, enfin, en troisième lieu, le nombre de sportifs sélectionnés.
Vinicius, mascotte olympique (à gauche), et Tom, mascotte paralympique.
Par ailleurs, il est intéressant de préciser que dans cette équipe de France, les équipes dans les sports à forte plus-value pour des podiums paralympiques et dont la responsabilité sportive dépend de la FFH, bénéficient d’un accompagnement à la performance. Dans les faits, cela veut dire qu’il y aura un ou deux référents du staff fédéral, en personne ressource, pour le suivi particulier de ces disciplines. La finalité est de permettre un suivi au plus près de nos équipes, dans la quête de podiums paralympiques.
Quels-sont les espoirs de médailles pour nos Bleus ? Sur les quinze sports où la Fédération Française Handisport sera représentée, des objectifs de podiums sont fixés dans la quasi-totalité. Ce sont des sportifs et des cadres de la FFH ambitieux et plein d’humilité qui vont se déplacer à Rio. Notre équipe est hétéroclite mais forte d’un état d’esprit singulier où nos sportifs seront portés par un élan collectif, interdisciplinaire, qu’ils ont déjà pu initier et travailler notamment via les regroupements PES. Ce sera un déterminant de la réussite sportive collective française. Pour résumer, nous allons à Rio dans un état d’esprit qui va à l’encontre de la réputation habituelle d’arrogance à la française. Ces sportifs et cadres vont se déplacer à Rio avec beaucoup de respect pour leurs adversaires mais une envie très forte de briguer les premières places. Les uns et les autres travaillent en ce sens dans leurs clubs depuis quatre ans déjà. Et, à l’inverse de la situation qui nous avait caractérisé en amont de Londres, où beaucoup de sportifs partaient favoris, la France à Rio sera davantage dans une position d’outsider, costume qui peut se révéler être beaucoup plus léger à porter, et qui laisse néanmoins la place à des rêves très ambitieux. Aujourd’hui, on peut dire que les équipes fédérales ont travaillé (le service médical, la DTN, les staffs des sports) pour décrocher un nombre de titres plus important à Rio qu’à Londres (NDLR : huit médailles d’or ont été décrochées par la FFH à Londres).
Comment vont se dérouler les dernières semaines de préparation des Bleus ?
Nous sommes sur la préparation terminale des Jeux, avec des configurations très différentes selon les sports. Contrairement à ce qui a pu être vécu en phase terminale de Londres, il n’y aura pas de regroupement collectif. Chaque sport, et cela s’inscrit dans une logique de performance, s’est fait accompagner pour programmer une préparation terminale idéale afin d’être au top à Rio. Selon la nature des sports, selon les sportifs, selon les structures au sein desquelles ils s’entraînent, des formats très différents de préparation terminale ont été arrêtés : en club, regroupement collectif, tournois internationaux ou compétitions internationales de préparation....
"La quête de la performance restera le fil directeur"
Quelles seront les nations à redouter à Rio ? Aujourd’hui, il y a un top 8 qui parait très difficilement perturbable : Chine, Russie, Grande-Bretagne, Ukraine, Australie, États-Unis, Allemagne et Brésil. Ces huit nations représentent l’élite paralympique, et soyons honnêtes, la probabilité pour que cette élite soit modifiée est très faible. La France est moins attendue sur la scène internationale qu’elle n’a pu l’être par le passé, mais là, nous y allons dans un état d’esprit de « chasseur ». Nous nous sommes entrainés comme il faut, l’idée est d’aller chercher des médailles dans les épreuves pour lesquelles nous ne sommes pas forcément attendus.
Qui seront les futures vedettes étrangères de ces Jeux ? Je pense forcément aux joueurs de l’équipe brésilienne de cécifoot qui devraient bénéficier d’un soutien populaire hors norme sur leurs terres. Je pense aussi à Richard Brown, le phénoménal sprinteur américain amputé, mais aussi à David Wear, un Britannique qui fait de l’athlétisme en fauteuil. Jacqueline Freney, la nageuse australienne, a de bonnes chances de marquer les esprits, tout comme en cyclisme Heinz Frei, avec ses quinze titres paralympiques, et Zanardi, ils risquent l’un et l’autre d’affoler les compteurs… Une chose est certaine, à Rio, il y aura du très grand spectacle sportif et les athlètes français seront bien davantage que de simples figurants !
Comment s’annonce le séjour au Brésil ? Le potentiel de ces Jeux est énorme en termes d’ambiance et de compétition sportive, avec des sites qui promettent d’être sublimes. Le village va être absolument magnifique. Comme à l’accoutumée sur les Jeux, les bâtiments n’auront pas été occupés, l’accessibilité sera pensée pour nos sportifs. Il y aura du plus dans le confort avec des piscines qui agrémenteront les pourtours des bâtiments. Le vrai point noir dans l’organisation de ces Jeux devrait être la circulation avec des sites sportifs répartis sur quatre zones. Le quotidien de chacune des équipes sera bien différent entre ceux qui seront à proximité du village et ceux qui chaque jour devront utiliser les transports collectifs dédiés. Reste également une incertitude sur l’affluence dans les gradins, pour laquelle nous espérons que les brésiliens sauront nous réserver une bonne surprise.
Si tous ces facteurs contribueront sans aucun doute à vivre différemment les Jeux, la quête de la performance restera le fil directeur dont il faudra veiller à ne pas s’écarter. // Propos recueillis par M. Mainguy