Édito

Fête de famille

Par Gérard Masson, Président de la Fédération Française Handisport

Si une hirondelle à elle seule ne fait pas le printemps… des Journées Nationales Handisport réussies, regroupant 600 acteurs de notre famille, illustrent le dynamisme et la fertilité de notre mouvement, la justesse des projets à éclore ou de ceux, déjà prêts pour les premières récoltes de la saison.
 

À la Chapelle-sur-Erdre, les motifs d’échanges ont été innombrables, témoins de l’amplitude de nos préoccupations et de la vitalité de nos actions : citoyenneté, succès des dispositifs jeunes, matériel et technologie, dopage, services aux clubs, accessibilité de notre communication, expériences territoriales à reproduire, sports spécifiques, l’expertise face aux pathologies, la liste est aussi longue que passionnante…

Cette année, la Soirée des Trophées aura été particulièrement touchante, célébrant à la fois des « Anciens », des sportifs et cadres exemplaires, des initiatives en faveur du grand handicap ou encore des événements imaginés comme des sources d’évasion pour nos pratiquants.

Mais ce que je retiens surtout, c’est la convivialité permanente, devenue l’apanage de ces précieuses Journées, telle une grande fête de famille, où des athlètes de haut niveau discutent avec des dirigeants de clubs, où des chargés de mission, voisins par le passé, peuvent s’enrichir mutuellement et amorcer une fusion régionale avec enthousiasme, où nos nouveaux grands électeurs prennent part aux débats avec responsabilité et volonté d’agir.

Enfin, bienvenue aux trois nouveaux membres du Comité Directeur que vous avez choisis : Audrey Le Morvan, médaillée paralympique en tennis de table, aujourd’hui investie dans le développement pour les jeunes ; Léone Delpuech, engagée depuis 20 ans dans notre mouvement, notamment sur des missions administratives rarement mises en avant et essentielles à notre fonctionnement, et Papa Saly Kane, président du CDH 94, bénévole passionné à nos côtés depuis plusieurs années, éducateur et relais précieux avec la Mairie de Paris. Autant de talents différents et complémentaires pour mener notre fédération vers l’avenir, quelle belle famille !

Point de vue

Des bâtons dans les roues Par Jean Minier, Directeur Technique National

Si je devais m’exprimer sur les domaines ayant majoritairement influencé l’évolution du handisport, je citerais spontanément les classifications et le matériel.

Le fauteuil roulant, qui vient immédiatement à l’esprit, d’abord bricolé pour les besoins de la pratique puis fabriqué spécifiquement pour cette dernière, a longtemps symbolisé cette histoire qui débuta dans les couloirs d’un hôpital de rééducation pour blessés médullaires au nord de Londres, il y a 70 ans. Tout le monde s’accorde à dire que le sport a agi comme un formidable accélérateur d’optimisation de ce véhicule singulier dont le poids a été divisé par quatre depuis la naissance de ce mouvement.

On pourrait en dire autant des prothèses de jambes dont le concept de pied à restitution d’énergie est désormais accessible au plus grand nombre. Mais combien d’autres innovations techniques ont, depuis lors, également contribué à étendre le champ des possibles au bénéfice des personnes en situation de handicap ? Le handbike a révolutionné les vieux vélos à bras de nos campagnes ; la joëlette permet aux plus dépendants de sillonner nos chemins de randonnées au prix d’un bel effort collectif et solidaire, tout comme le tandem ski en hiver. On peut tirer à l’arc en fauteuil électrique et le tir sportif est pratiqué par des personnes aveugles ! Le multisport n’a jamais été aussi accessible qu’aujourd’hui, grâce à la passion, au génie des hommes et à la force créatrice que fait naître leur rencontre.

Pour autant, ainsi équipé pour la pratique sportive, l’aventure ne fait que commencer. Car il s’agit bien de reconstruire une logique propre à chacune de ces activités, et non seulement d’un seul effort adaptatif à encourager par rapport à un équivalent connu.
De plus, de mon point de vue, le coût encore excessif de ce matériel spécifique reste une problématique centrale pour « démocratiser » ces pratiques. D’autant que, même si certains parlent abusivement en la matière de « haute technologie », le matériel sportif adapté reste un fantastique domaine d’innovations possibles, pour ouvrir de nouveaux terrains de jeux, améliorer l’existant ou en réduire le coût.

Pour conclure, je voudrais profiter de ces quelques lignes pour saluer le formidable apport des sportives et sportifs eux-mêmes à l’évolution de ces matériels, dans une recherche de performance mais aussi, plus fondamentalement, d’un usage de soi revisité à la lueur de cet « allié » technologique.