Amélie Oudéa-Castéra

Paris 2024 en ligne de mire

Ancienne championne de tennis et passionnée de sports, Amélie Oudéa-Castéra devient directrice générale de la fédération française de tennis en 2021, puis ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques le 20 mai 2022. Avec Paris 2024 en ligne de mire et la promotion du sport pour tous, Amélie Oudéa-Castéra se livre à nos questions.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le parcours et les grandes étapes qui vous ont menée à la tête du Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques ?

Je suis une ancienne sportive de haut niveau. J’ai dédié au tennis une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence. Je me suis ensuite engagée dans des études de science politique pour rejoindre la haute fonction publique, avant de me lancer dans une longue expérience en entreprise. Ma passion pour le sport ne m’a jamais quittée, et c’est la raison pour laquelle je suis devenue directrice générale de la fédération française de tennis en 2021. Ma nomination en tant que ministre des Sports et des Jeux est intervenue peu de temps après, comme une manière de rassembler en un seul poste toutes les facettes de mes étapes de vie antérieures. Je suis très heureuse d’occuper les fonctions qui sont les miennes aujourd’hui.

Selon vous, qu’apporte le sport à tous et aux personnes en situation de handicap en particulier ?

Les bienfaits de la pratique sportive, d’un point de vue physique et mental ne sont aujourd’hui plus à prouver, pour toutes les personnes. Il représente, j’en fais l’expérience au quotidien, un puissant levier de bien-être. L’accès à la pratique sportive est bien plus compliqué pour les personnes en situation de handicap et mon ministère en lien avec d’autres ministères et d’autres acteurs publics ou privés, développe des solutions concrètes pour faciliter cet accès. Le sport doit être un vecteur d’inclusion, à l’instar de la culture ou encore du travail.

Quelle est votre vision de la place que doit occuper le sport en France, dans notre société, à quelques mois des Jeux ?

À une époque où la sédentarité progresse chez les jeunes, où l’addiction aux écrans fait ses ravages, où les espaces de rassemblement qui nous permettent de retrouver du commun sont moins nombreux qu’auparavant, le sport peut et doit jouer un rôle beaucoup plus important dans notre société. Cela doit être l’un des héritages les plus fondamentaux des Jeux que nous accueillons et c’est pourquoi notre grande cause nationale 2024 est dédiée à la pratique sportive dans notre pays !

" Le sport, un puissant levier de bien-être "

Quels seront les indicateurs majeurs pour juger de la réussite des Jeux 2024 ?

J’ai pour habitude de citer quatre grands indicateurs, un carré magique d’objectifs, qui sont autant de défis à relever collectivement. Le premier est de proposer une organisation la plus irréprochable possible et responsable sur le plan écologique et social, le deuxième de favoriser la réussite sportive de nos athlètes français, le troisième de faire vivre à nos concitoyens une grande fête populaire, et le dernier – et non des moindres- laisser un héritage durable et utile à la nation.

Que représente la pratique « handisport » pour vous, et quelle place doivent occuper les parasports sur le terrain du sport français aujourd’hui ?

À mes yeux, il est important que toute personne handicapée puisse pratiquer un sport, que ce soit dans une démarche de loisirs, de compétition, ou encore de performance. Sur le volet de la performance, l’Agence nationale du Sport mobilise chaque année des moyens supplémentaires même si des progrès restent encore à faire pour accompagner encore mieux nos sportifs dans une réussite paralympique. Concernant le développement de la pratique, je sais pouvoir compter sur les fédérations historiques comme la vôtre et leur capacité à se mobiliser sur l’ensemble du territoire pour développer la pratique. Aujourd’hui, une personne sur deux en situation de handicap ne pratique pas de sport, ce qui montre bien que l’ensemble des fédérations doit se mobiliser pour développer la pratique en n’ayant pas peur d’être des partenaires.

Quelle est la place de la Fédération Française Handisport dans cet écosystème ?

La FFH, tout comme la Fédération Française de Sport Adapté sont nos fédérations spécifiques pour le développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Elles sont celles qui détiennent la meilleure expertise ainsi que la mobilisation la plus importante, tant des bénévoles que des éducateurs pour assurer un maillage territorial de qualité. Cela se matérialise par exemple dans la conquête active des 3000 clubs inclusifs supplémentaires, ou encore dans la mise en place de grands événements sportifs internationaux (tournois internationaux de Rugby fauteuil, championnat du monde de para athlétisme). Nous comptons donc sur l’ensemble des fédérations et particulièrement sur la FFH pour faire bouger les lignes.

Quel message souhaitez-vous adresser aux athlètes handisport qui se préparent pour leurs échéances internationales décisives, avant le rendez-vous de 2024 ?

À mes yeux, il n’y a qu’une Equipe de France à Paris en 2024. La fédération handisport accompagne 11 sports paralympiques qui représentent plus de 75% des épreuves du programme. Forcément, la réussite des Jeux dépend de la réussite des sportifs de votre fédération sans oublier tout l’encadrement qui, chaque jour, les accompagne pour leur permettre de délivrer la meilleure performance possible le jour J. Je veux exprimer tout mon soutien et mon profond respect pour ces handisportifs, qui, malgré les parcours de vie qui sont les leurs, ont su trouver dans le sport et par le sport un moyen de se dépasser. Ils nous rendent collectivement très fiers, en portant les couleurs de la France, alors même que nous accueillerons, dans quelques mois, pour la première fois de notre histoire les Jeux paralympiques d’été. Nous savons que nous avons la responsabilité collective d’une part de les accompagner au mieux dans leur performance paralympique, mais également de saisir cet élan et cette mobilisation pour inscrire la pratique sportive dans le quotidien de tous les Français en situation de handicap. Le sport, outil puissant d’épanouissement et de cohésion, doit nous permettre, et il le fera j’en suis sure, de faire un pas de plus vers une société plus inclusive.
// // Propos recueillis par Angeline Guyon.

Bio & Repères

Amélie Oudéa-Castéra

20 mai 2022 : Nommée Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques
2022 : Référente sport durant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron
2021 : Directrice Générale de la Fédération Française de Tennis
2018-2022 : Co-fonde et dirige l’association Rénovons le Sport Français
2018 : Présidente du Comité d’audit de Paris 2024 et membre du conseil d’administration de l’association sport dans la ville, spécialisée dans l’insertion sociale par le sport. En fin d’année, elle rejoint le comité exécutif du Groupe Carrefour dont elle a dirigé pendant plus de deux ans la marque et les activités e-commerce, data, innovation et informatique
2008 : Directrice de la stratégie, puis directrice du marketing et du digital au sein du Groupe AXA
1996 : Fin de carrière sportive et reprise d’études (Sciences Po, ESSEC, maîtrise de droit, ENA), avant de devenir auditrice financière à la Cour des Comptes
1994 : 251e place du classement mondial
1990, 1992 et 1994 : Trois fois championne de France de tennis. Gagne l’Orange Bowl chez les moins de 14 ans en 1992.