Arbitres, juges et officiels : maîtres des règles
Souvent dans l’ombre, les officiels jouent pourtant un rôle primordial dans la bonne tenue des compétitions et le respect du règlement des différents sports. Pour les Jeux de Paris, l’été prochain, plusieurs centaines d’officiels nationaux et internationaux seront engagés. Dans ce cadre, la Fédération Française Handisport multiplie les formations pour subvenir aux besoins et permettre aux disciplines de se développer.
Les Jeux Paralympiques de Paris approchent (28 août au 8 septembre 2024) et les compétitions ne pourraient pas se tenir sans les juges, arbitres et officiels, dont la dénomination dépend de la culture du sport. La demande d’officiels pour les Jeux Paralympiques est importante et chaque sport possède ses spécificités. Certains sports comme l’athlétisme ont leur équivalent valide. « Ils ont quand même besoin d’une formation supplémentaire. Par exemple, le saut en longueur pour des déficients visuels, la planche est recouverte de chaux pour repérer exactement l’impulsion et prendre la mesure », explique Charles Hordenneau, coordinateur du service développement des pratiques handisport. Dans ces sports, il existe une liste d’experts handisport qui doivent être présents. En paracylisme, c’est le cas de ceux qui vont vérifier le matériel. « Il y a des adaptations particulières. Un handbike, un tricycle ou un tandem, ce n’est pas la même chose qu’un vélo solo. Et même un vélo solo possède des adaptations pour les athlètes amputés par exemple », ajoute-t-il. Charles Hordenneau effectue actuellement un recensement dans le but d’avoir « une vision sur les quantités de juges et d’arbitres spécialistes handisport dans chaque sport et quel est leur niveau de formation. Le but est de cibler nos stratégies de développement en fonction des sports identifiés. »
Se former, pour bien encadrer
Les formations sont organisées en collaboration entre le siège national, les référents formation disciplinaires et les comités régionaux : « Ce sont généralement des formateurs nationaux qui s’y rendent ; et au niveau régional, ils vont trouver les salles, le matériel et les stagiaires », explique Sandra Mauduit, coordinatrice du service Recherche Expertise Formation à la fédération. « Il n’y a généralement* pas de prérequis, c’est ouvert à tous ». Au programme, de la théorie, mais aussi de la pratique directement sur les sites de compétition. « Lorsqu’un championnat régional d’un sport est organisé, on va mettre en place une formation pour permettre d’avoir le nombre d’arbitres suffisant pour que la compétition puisse avoir lieu », poursuit-elle. Ce sont donc des « formations courtes, d’une à deux journées très pratico-pratiques », mais il est difficile de généraliser tant des différences entre les disciplines existent. « Certains sports sont assez proches de la pratique valide. En basket-fauteuil, par exemple, on se base sur le règlement valide et on vient y ajouter une compétence sur la partie fauteuil et les adaptations réglementaires », renseigne Sandra Mauduit. Stéphane Binot, directeur sportif de la commission basket-fauteuil, le confirme : « Il n’y a pas d’obligation, mais c’est plus simple d’être déjà arbitre de basket et ensuite avoir la spécificité fauteuil, que de venir sans connaissance se former au monde de l’arbitrage à la fois du basket et du fauteuil. » Le complément se fait sur deux jours avant le début de saison et varie selon le niveau du championnat : « En Élite Nationale, l’arbitrage se fait à trois et sur les autres à deux. » Chaque année, en préambule de la saison, un recyclage est organisé, et les arbitres sont scrutés tout au long de l’année : « En Élite, on a deux personnes qui vont observer l’ensemble des arbitres et leur faire des retours pour améliorer leurs prestations. ». Enfin, en basket-fauteuil, on retrouve également l’opérateur de la table de marque (OTM). « Soit ils viennent du milieu valide, soit ils sont licenciés “cadre“ et suivent la formation spécifique basket-fauteuil » développe Stéphane Binot. En revanche, dans les sports spécifiques handisport, la formation est complète. « Il y a une formation d’arbitre régional et une formation d’arbitre national. Il faut passer le niveau régional pour assister à une formation de niveau national », détaille Sophie Ternel, responsable du développement de la boccia. L’arbitre principal, a le même rôle que tout autre arbitre : « Il gère son match ». La particularité : « Il annonce tout, comme le sportif qui doit jouer et sur tous les lancers, même si c’est évident. Il est vraiment omniprésent. » Contrairement au basket-fauteuil qui ne possède qu’une formation nationale, la boccia en propose deux. « C’est une formule pertinente qui marche bien par rapport à l’offre, puisqu’il y a pas mal d’événements au niveau régional. Un bénévole en région n’est pas forcément intéressé pour arbitrer au niveau national », justifie Sophie Ternel. En effet, le niveau national demande un fort engagement de la part du bénévole. « Il faut s’investir quatre jours entiers, être présent de 8h à 19h, avec presque dix matchs d’une heure dans la journée. » Pour permettre aux arbitres régionaux et nationaux d’exercer leur mission dans les meilleures conditions, les commissions sportives handisport peuvent proposer des stages de recyclage annuels. En boccia, cela est encore à l’étape de projet. « On y travaille parce que cela fait dix ans que la formation existe. C’est vrai que se remettre à jour c’est important… surtout pour l’arbitre régional qui n’officie pas sur les championnats de France », explique Sophie Ternel. En effet, lors des championnats de France de boccia, la fédération en profite pour permettre aux officiels de revoir leurs connaissances avec un questionnaire. Mais rien d’obligatoire. « On ne force pas, mais s’ils le veulent, ils peuvent. On y va tranquillement car ils sont bénévoles et s’investissent, et parfois cela peut perturber de penser qu’il faut repasser quelque chose. »
Reconnaissance à l’international
Les formations françaises ne sont malheureusement pas reconnues en dehors de l’hexagone. « Pour pouvoir arbitrer une compétition internationale, il faut passer une autre formation proposée par la fédération internationale », admet Sandra Mauduit. Alors la FFH encourage régulièrement ses officiels à les passer. « C’est intéressant d’avoir des officiels français à l’international, car cela apporte une veille sur la manière dont sont arbitrés les matches au niveau international et les évolutions réglementaires ». Pour les Jeux Paralympiques, les arbitres principaux sont choisis par les fédérations internationales, mais c’est à la Fédération Française Handisport de trouver les arbitres qui les secondent (chronométreurs, table de marque, etc.). Si les fédérations internationales pourront compléter en cas de manque, « L’objectif est de pouvoir montrer qu’on est présent et qu’on peut répondre à la demande », précise Charles Hordenneau. « Les Jeux demandent un engagement de cinq jours à deux semaines selon les sports et il est complètement bénévole ». Selon les premiers retours de son recensement, une majorité des officiels ont affirmé leur volonté de se rendre disponibles. « Cela reste quand même une expérience incroyable ». Un moyen de faire les Jeux à leur manière. // K. Tanguy
Comment faire pour s’engager ?
Plus d’informations : formation@handisport.org
* Consulter les pré-requis des formations sur la fiche programme concernée.
Les chiffres
Le nombre d’officiels nationaux demandés par discipline handisport pour les Jeux Paralympiques de Paris.
- Basket-fauteuil : 40
- Boccia : 32
- Cécifoot : 4
- Escrime fauteuil : 17
- Goalball : 8
- Para athlétisme : 230
- Para cyclisme : 8
- Para développé couché : 6 arbitres certifiés et 8 porteurs/pareurs
- Para natation : 25
- Para tennis de table : 23
- Rugby-fauteuil: 12