Frédéric Delpy, nouveau Président de la FFH

Le 8 avril dernier, la tête de la Fédération Française Handisport a changé de visage. Frédéric Delpy a pris la succession de Gérard Masson. Membre du comité directeur de la fédération depuis déjà quatre ans, l’Orléanais, auparavant président du comité régional Centre – Val de Loire endosse désormais un rôle d’envergure nationale pour défendre des dossiers déterminants en cette période charnière pour l’avenir de la fédération. Celui qui s’annonce comme un président passionné, engagé et déterminé entend bien gouverner par l’échange, et en équipe.

Quels ont étés les moments clés de votre parcours, de votre carrière sportive, à votre engagement fédéral, en région et aujourd’hui à la tête de la fédération ?
J’ai découvert le mouvement Handisport par le plus grand des hasards en juillet 1988. J’étais en vacances avec mes parents et l’équipe de France de natation handisport préparait les Jeux Paralympiques de Séoul sur mon lieu de villégiature. Je jouais avec des amis dans la piscine, et l’entraîneur de l’époque est venu vers moi en demandant qui j’étais, ce que je faisais. Je lui ai répondu que je faisais du water polo depuis dix ans et que je nageais au club de Fleury-les-Aubrais…Depuis, je n’ai jamais quitté ce mouvement, cela va faire trente ans. J’ai été athlète jusqu’en 2000, puis, j’ai choisi de m’engager en tant que responsable, cette fédération m’avait apporté tellement de choses en terme personnel, de reconnaissance, d’insertion professionnelle, que j’ai eu envie de rendre la pareille. J’ai alors réalisé mon premier mandat électif en 2001 en créant le comité départemental du Loiret, puis en 2010, je suis devenu président du comité régional Centre Val-de-Loire, en 2013 je suis devenu élu à la fédération, et enfin en 2017, la présidence de la fédération.

Question difficile, qu’est ce qu’un bon président et les qualités requises ?
Pour moi c’est une personne à l’écoute des attentes des uns et des autres. Il doit être capable d’analyser, de partager, savoir déléguer, prendre les décisions et les assumer quand il faut les prendre. Le rôle de président n’est pas tant un rôle de production qu’un rôle de décision et de représentation. Il faut savoir être là au bon moment, et cela implique même les mauvais moments. Certes, aujourd’hui, je suis le président de la Fédération Française Handisport, mais tout seul je ne serais rien, il faut être bien entouré.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’équipe qui vous entoure ?
J’ai souhaité avoir une équipe novatrice dans ses idées. Qui ait l’envie de mener à bien l’intérêt général de cette fédération. Je pense avoir la chance de m’être entouré des personnes dont j’avais besoin au sein du bureau directeur. Par ailleurs, j’ai appelé l’ensemble des vingts élus au comité directeur pour connaître le sens qu’ils voulaient mettre au coeur de cette fédération. Il y a du partage d’idées, autour du projet que je souhaite mener. Il n’y a pas d’ingérence, mais des convergences.

Vous avez été président du Comité du Centre et chargé des relations avec les comités au sein du Comité directeur précédent. Comment voyez-vous le rôle des comités pour la paralympiade à venir ?
Je pense que les comités attendent beaucoup plus de partage avec nous. Par le passé, beaucoup ont été dans l’attentisme vis à vis de nous, parce qu’ils se sont malheureusement trop souvent retrouvés devant le fait accompli.J’attends d’eux qu’ils soient en phase avec le projet fédéral. C’est pourquoi je souhaite mener une réflexion avec l’ensemble des acteurs du mouvement prochainement. Afin que chacun adhère au projet. Sans les clubs et comités, la fédération aura du mal à mener à bien un projet quel qu’il soit.
"Sans les clubs et comités, la fédération aura du mal à mener à bien un projet quel qu’il soit !”

Avec le sujet des délégations, la FFH est à l’aube d’un virage décisif dans son histoire. Comment abordez-vous ce dossier ?
La porte n’est pas fermée. Dans un premier temps, il va falloir que l’on s’articule tous ensemble pour réaliser une vraie feuille de route, savoir qui fait quoi : qui pratique, qui subventionne… Travailler sur les conventions me paraît plus intéressant. Jean Minier est véritablement mon bras droit sur ce dossier. La Fédération Handisport restera incontournable sur la pratique pour les personnes en situation de handicap. C’est une expertise que nous continuerons à développer avec nos partenaires du réseau handicap, c’est une évidence.

Dans votre projet, vous avez mis l’accent sur les pratiquants déficients visuels et sourds, quelle stratégie comptez-vous mettre en place les concernant ?
Aux vues des résultats sportifs de ces dernières années, je pense que nous avons un peu délaissé ces deux profils de pratiquants. Il faut repenser l’approche auprès d’eux. Je souhaite nommer dans l’année un référent pour la pratique « sourds » au sein de la direction sportive. Cette personne aura pour mission de retravailler l’accueil et la politique sportive pour les sourds. Pour ce qui est des déficients visuels, j’ai une totale confiance en Charly Simo, qui a repris les rênes et qui, en tant qu’agent de développement, doit nous faire des propositions.

Un nouveau DTN sera nommé en septembre prochain, comment abordez-vous ce choix ?
Le recrutement pourra se faire en interne ou en externe, pour un début de mission en septembre. Je suis ouvert à toutes propositions tant que le projet est en phase avec celui de la FFH. C’est l’un des choix déterminants qui m’attend pour cette paralympiade et je souhaite le réaliser avec un jury.

Le 13 septembre prochain nous connaitrons le verdict concernant la candidature de Paris aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, qu’est ce qui va changer dans le mouvement en cas de victoire ?
Je pense que le fait d’avoir les Jeux, d’un point de vue de l’accessibilité, serait pour nous, les personnes en situation de handicap, une belle avancée. Je ne comprendrais pas que nous ne les obtenions pas. C’est une belle candidature issue du mouvement sportif, menée avec passion par Bernard Lapasset et Tony Estanguet.

Avant de se quitter, quelle est la question qu’il ne faut surtout pas vous poser ?
Il n’y en a pas. Je suis ouvert à toutes les questions. Je n’ai rien à cacher sur moi, rien sur mes idées. C’est le début de mon mandat, j’ai un travail qui me plait et une nouvelle mission qui me plait encore plus, pour cette belle fédération. J’ai les pieds sur terre. J’aime l’honnêteté, la franchise, la transparence, et par dessus tout la convivialité, car je suis un sportif dans l’âme. // Propos recueillis par Marie Mainguy

Bio & repères

Frédéric delpy

  • 45 ans, né à Orléans, marié, père de deux enfants
  • Profession : Coordinateur des équipements sportifs de la Ville de Fleury-les-Aubrais (45)
  • Handicap : arthrogrypose, blocage au niveau des articulations du bas du corps.
  • 4 médailles aux Jeux Paralympiques, a participé aux Jeux Paralympiques de Barcelone 1992, Atlanta 1996 et Sydney 2000.
  • Avril 2017 Président de la Fédération Française Handisport
  • Depuis 2013 Membre du Comité Directeur de la Fédération Française Handisport
  • Depuis 2010 Président du Comité Régional handisport du Centre-Val-de- Loire
  • 2001 - 2013 Président du Comité Départemental handisport du Loiret
  • 2015 - juin 2017 Membre du Comité Régional Olympique & Sportif du Centre–Val-de-Loire
  • 2000 Médaillé d’Or Jeunesse et Sport
  • 1999 Champion d’Europe de natation handisport
  • 1996 Médaillé de l’Ordre national du Mérite
  • 1990 Champion du monde de natation handisport