Frédéric Crouzilles : la passion boccia

Du travail et toujours du travail. Frédéric Crouzilles n’en démord pas, c’est ainsi que l’on devient un bon joueur de boccia. On ajoutera la passion, car l’entraîneur national n’en manque pas. Elle est communicative chez cet éducateur sportif qui a de hautes ambitions pour son sport, à tous les étages. 

Attention ! Si vous parlez boccia avec Frédéric Crouzilles, à la tête de l’équipe de France depuis cinq ans, préparez-vous à en prendre plein les oreilles. Ce n’est pas désagréable, bien au contraire. On vibre avec lui de ses idées, ses explications, ses projets à propos de sa discipline qui regroupe plus de 3 000 licenciés.  J’avoue que je mange, je dors boccia  plaisante-t-il.  Même en vacances j’y pense. Mon investissement va au-delà du simple métier et c’est naturel car les joueurs m’apportent tellement que je me dois de leur donner beaucoup en retour . Cette “pétanque pour personnes en situation de handicap lourd en fauteuil électrique”, comme on la surnomme fréquemment, demande beaucoup de qualités mentales mais aussi physiques malgré une image de sport statique liée au handicap de ses pratiquants.  Sans travail rien n’est possible, le talent ne suffit pas. Tout rentre en compte pour progresser. L’investissement, la concentration, l’hygiène de vie, la compréhension. La gestuelle est évidemment très importante, il faut savoir répéter des mouvements à l’image d’un basketteur qui enquille les paniers . 

Formé sur le terrain

Educateur sportif à LADAPT de Cambrai, un centre de soins et rééducation dans le nord de la France, depuis plusieurs années, Frédéric ne connaissait rien à la boccia avant 2006 où il commence à en découvrir la pratique tout en proposant d’autres activités comme l’athlétisme ou le tennis de table.  Je me suis formé sur le terrain en proposant une à deux heures d’entraînement par semaine , précise-t-il,  puis les premières compétitions sont arrivées, les premiers titres avec l’établissement et c’est parti comme cela. À présent, je propose entre dix et quinze heures d’activité par semaine . En 2012, Sophie Ternel, la directrice sportive de la boccia, lui propose la tête de l’équipe de France. Quatre ans plus tard, la sélection tricolore passe du 32e au 8e rang mondial, la qualification pour les Jeux Paralympiques de Rio étant manquée d’un rien. Mais cela n’a pas enrayé la progression de la sélection nationale qui occupe désormais la 5e place mondiale depuis décembre 2016. La plupart des sélectionnés sont issus du centre de Cambrai, Frédéric Crouzilles peut donc travailler au plus près avec ses joueurs, décrypter les entraînements à la vidéo et pousser parfois des gueulantes ce sont des sportifs de haut-niveau avant tout alors je ne leur fais pas de cadeau.  

Regarder vers l’avenir

Une première médaille d’or lors du World Open Event de Cali en Colombie, en novembre 2015, a aiguisé l’appétit de tout le staff. Si les Jeux de Tokyo en 2020 sont évidemment dans l’esprit du coach, ceux de 2024 à Paris le sont aussi déjà. La boccia demande du matériel de bonne qualité mais bien sûr, c’est coûteux. La perspective des Jeux à Paris peut nous faire espérer plus de moyens. Si l’on veut présenter des équipes de bon niveau dans les quatre catégories, ce sera nécessaire

Les championnats d’Europe au Portugal fin octobre amorcent une nouvelle paralympiade et devraient donner le ton de belle manière :  on y va pour au moins une médaille !  . // R. Goude 

Biographie

Frédéric Crouzilles 

  • 45 ans, éducateur à ladapt Cambrai. 
  • Phrase fétiche : Même si ton adversaire te semble une souris, surveille-le comme s’il était un lion , de Luigi Manfredi. 
  • 2012 : prend les commandes des équipes de France après avoir été entraîneur adjoint quelques mois. 
  • 2009 : devient titulaire du DEJEPS Handisport. 
  • 2005 : intègre le service des sports du centre de l’ADAPT Cambrai. 
  • 2002 : intègre l’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées de LADAPT en tant qu’éducateur.