Handisport Le Mag'

LE SPORT PAR NATURE

Descentes en VTT, sensation de vitesse sur une piste noire, se laisser porter par le courant en canoë ou découvrir des paysages somptueux en joëlette… Comme pour les valides, les sports de nature séduisent de plus en plus parmi les personnes handicapées. Ces activités offrent la possibilité aux pratiquants de satisfaire leur goût de l’effort, sans forcément verser dans la compétition. Depuis les premières Assises des sports nature en 2008, la Fédération Handisport s’est largement ouverte à ses activités. La FFH propose une offre très variée de pratiques pour le plus grand bonheur de près de 7 500 licenciés, qui font le choix d’en prendre plein les yeux et les poumons, en toute sécurité.

De la montagne aux fonds marins, l’escalade, la course d’orientation, la spéléologie, le cyclotourisme, le surf, ou encore la randonnée… L’offre des sports de nature n’a d’égale que la variété des types de handicaps que l’on retrouve sur les différents événements existants.

UN PUBLIC ÉCLECTIQUE

Toutes ces pratiques regroupent 7 463 adhérents, soit 21 % des licenciés Handisport, parmi ces adhérents, 53 % sont des « licences cadres » (encadrants). « Pour certaines disciplines, le nombre de cadres nécessaire est vraiment important », explique Valérie Videloup-Rocher, cadre technique fédéral en charge des sports de nature à la FFH. Ces sports favorisent donc la mixité entre personnes valides et handicapées. Sept disciplines ont une commission au sein de la Fédération Française Handisport : le canoëkayak, l’équitation, le cyclisme, la randonnée à pied, en joëlette ou en FTT, le ski (alpin, nordique, snowboard), la plongée et la voile. Les 7 463 licenciés sont répartis dans 523 structures affiliées Handisport, soit 37 % des structures de la FFH. Par ordre décroissant, le cyclisme, la randonnée, le ski, la voile et l’équitation occupent le top 5 des disciplines comptant le plus de structures affiliées. C’est d’ailleurs en ski et en cyclisme loisirs, que l’on retrouve le plus grand nombre d’adhérents. Le public des sports de nature se caractérise par une part importante de femmes : 34 % quand elles ne représentent que 29 % de l’ensemble des adhérents du mouvement. La FFH peut se targuer d’être capable « d’emmener un tétraplégique en grande expédition comme de permettre à un grand myopathe de faire de la plongée sous marine ou de la randonnée dans des chemins délicats » assure Cédric Garreau, DTN adjoint. Si l’on retrouve beaucoup de déficients visuels, de tétraplégiques et paraplégiques, les sports de nature sont accessibles à un très grand nombre de handicaps différents. Y compris pour des handicaps lourds, compensés par les apports matériels et/ou humains. « On est capable de gérer tout le panel des offres de sports de nature, insiste Cédric Garreau. Les voileux donnent de bonnes idées aux kayakistes, les spécialistes de la randonnée échangent de bons tuyaux sur les chemins de montagne aux adeptes du FTT… »

DES ACTIVITÉS MÉCONNUES

Si la course d’orientation ne réunit pas plus d’une trentaine de « purs et durs », ils sont beaucoup plus nombreux à s’adonner à cette activité lors de raids ou de journée multisports. « C’est le liant idéal de ces manifestations, souligne Valérie Videloup-Rocher. D’autant qu’elle peut se concevoir sur terre comme sur l’eau. La recherche d’une balise est une bonne alternative au chronomètre. »

Le cyclisme, dans sa conception loisir, est également en plein boom. On le retrouve même sur des activités handinautiques.
« L’événement se tenant autour d’un plan d’eau, il est aisé d’intégrer une activité vélo », justifie la CTF des sports de nature à la FFH. Dans l’Aude comme sur l’Île de Ré, deux manifestations ont trouvé un retour très favorable. Le Tour de Ré, né l’an dernier, a réuni 28 sportifs handicapés et 32 valides le temps d’un week-end. Deux jours pendant lesquels les participants ont mêlé découvertes patrimoniales et culinaires au rythme d’une balade riche en souvenirs et en émotions. Cette année, la deuxième édition est programmée les 30 et 31 mai. « Cette fois, afin de répondre aux demandes, nous avons créé quatre parcours, développe Wilfried Ossah, membre du comité départemental de Charente-Maritime. 25 et 33 km le samedi, 12 et 30 le dimanche. »

Le Tour de l’Aude est une randonnée découverte s’étalant sur quatre jours. Cette année, la 13e édition est programmée du 15 au 18 septembre.

Elle peut réunir jusqu’à 70 coureurs pouvant se déplacer en handbike ou tandem. Ils visitent des sites touristiques et des villages typiques du département. « Les communes offrent les repas et le convoi, encadré par six ou sept motos, 7 ou 8 fourgons et une trentaine de bénévoles, s’arrête régulièrement dans les villages afin de rencontrer les enfants et les élus », pose Pierre Antolin, chargé de mission sur les Sports de Nature au CDH 11.

"La Fédération Handisport est capable d’emmener un tétraplégique en expédition, de permettre à un grand myopathe de faire de la plongée sous marine ou de la randonnée dans des chemins délicats"

© Access Vie

UN ARSENAL DE FORMATIONS

Les sports de nature demandent la plus grande rigueur en matière de sécurité. On n’emmène pas un novice de VTT ou FTT sur une descente technique comme on emmène un amateur découvrir le tennis de table. A la différence près, que l’éducateur doit avoir une triple maîtrise de son sport, de l’environnement spécifique et des particularités que supposent le handicap. Dans de nombreux domaines, les sports de nature ont fait office de « laboratoire pour la FFH », dixit Cédric Garreau. C’est le cas en matière de formation des cadres. Le Certificat de Qualification Handisport (CQH) a ainsi vu le jour en 1998 à la demande des professionnels de la montagne. Il s’adresse aux éducateurs sportifs titulaires d’un Diplôme d’Etat dans leur(s) discipline(s) de prédilection. « Le CQH m’a apporté une connaissance théorique, explique Mathieu Slaghenauffi, titulaire du BE kayak et du CQH. « Cette formation m’a permis de trouver des solutions pour permettre la pratique à différents types de handicaps, en proposant des adaptations idoines dans les bateaux. Finalement, on s’aperçoit qu’il y a toujours une pratique adaptée »

Aujourd’hui, il y a deux grandes familles de formations à la Fédération Française Handisport. Outre le CQH, destiné aux professionnels de l’encadrement sportif, des diplômes intermédiaires ont été créés. « L’assistant » et « l’initiateur », s’adressent davantage aux bénévoles désireux de s’investir auprès de leur club. L’assistant va aider à l’installation du matériel adapté et des calages dans l’engin (char à voile, kayak, ski assis…), et au transfert du pratiquant, pour libérer du temps au moniteur en charge de la séance. L’initiateur, lui, dispose des premières prérogatives d’encadrement. Puis vient la fonction d’entraîneur.

LE MATÉRIEL, AU SERVICE DE LA DÉCOUVERTE

Le matériel ouvre le champ des possibles aux pratiquants les plus lourdement handicapés, en toute sécurité. L’apport de la FFH et de ses structures affiliées est considérable en la matière, puisque les adhérents découvrent des disciplines, via le prêt de matériel par le comité, l’association ou les organisateurs des événements. Cela évite d’investir trop rapidement dans un FTT ou un fauteuil de ski onéreux. « Nous possédons désormais deux Cimgo et deux FTT », cite en exemple Fabien Convers, agent de développement du comité de la Loire qui organise des randonnées, chaque été, sur différents sites du département. C’est également le cas d’Accessvie, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Si la natation est la discipline phare de l’association, elle organise tous les quinze jours des activités « nature ». Dès l’arrivée des beaux jours, char à voile, surf, escalade sont à l’ordre du jour. « Nous nous appuyons sur les clubs valides locaux », souligne Guillaume Bossard, coordinateur de l’association vendéenne.

LES SPORTS DE NATURE REÇUS QUATRE SUR QUATRE

Du ski l’hiver, aux sports nautiques l’été, en passant par les randonnées, et les raids en automne et au printemps, l’éventail est large… Un passionné des grands espaces peut trouver son bonheur toute l’année. Certains départements profitent d’un territoire varié pour proposer des activités en permanence. Ainsi, le comité de la Loire propose chaque semaine des sorties ski sur les massifs de Chamazel ou Marguériaz en hiver et des randonnées ou sorties FTT l’été sur des sites accessibles comme le massif du Pilat et le Mont du Forez. De même, l’Aude a mis sur pied un programme sports de nature à destination des jeunes où les manifestations sont en adéquation avec les saisons.

© A. Veillon

© C.D. Charente-Maritime

© Access Vie

LES JEUNES, UNECIBLE PRIVILÉGIÉE

De nombreux jeunes sont à l’affût de sensations fortes, voire extrêmes. La fédération exploite cet intérêt pour inciter les jeunes à rejoindre le mouvement. Elle est donc partie prenante d’une convention qui la lie avec l’UCPA et l’APF pour la mise en place de vacances sportives jeunes, destinées à des groupes de 6 à 12 ans, de 11 à 15 ans et de 1825 ans. Douze séjours sont programmés cette saison. Au menu, de nombreuses activités comme le ski, le canoë, le VTT, le FTT, la course d’orientation… « Globalement, chaque stage regroupe une dizaine de jeunes handicapés. S’ils pratiquent les activités à part, ils sont complètement intégrés au reste des stagiaires (généralement 150 valides), commente Mathieu Villaret, de l’UCPA. C’est un super vecteur d’intégration et d’échanges. » Cet été, une croisière sur la Côte bretonne est ouverte à cinq jeunes âgés de 18 à 25 ans. L’autre initiative marquante de cette année est un premier échange entre Finistériens et Savoyards. Cet hiver, sept Bretons ayant entre 8 et 15 ans, se sont rendus en Savoie pour skier. Cet été, le retour se jouera à travers des sports nautiques. « Ce projet vise à fidéliser les jeunes du département en leur permettant de s’initier à d’autres sports de plein air », résume Jauffrey Tamarii, salarié du CDH 29. Ce type de projet met également en avant la puissance du réseau du mouvement handisport.

// Julien Soyer.

LABEL ELH

ACCESSIBILITÉ GARANTIE

Le Label Espace Loisir Handisport, identifie les structures de loisirs sportifs (regroupant hébergement, restauration et activité) ayant le Label Tourisme et Handicap (physique et/ ou visuel et/ou auditif). Pour être éligible, le site doit posséder un lieu d’accueil accessible et la structure doit organiser, au départ de son site, au moins deux activités sportives, dont un sport de nature parmi ceux proposés par la FFH. Chaque activité sportive doit être encadrée par au moins une personne qualifiée Handisport. Le label ELH est valable deux ans et compte trois niveaux (de 1 à 3 étoiles). Il est gage de qualité des prestations fournies, des installations et des activités. Lorsque la structure est titulaire de ce label, elle est alors formellement identifiée auprès des adhérents et bénéficie alors d’une promotion auprès du réseau Handisport. Développer le label permet aux comités régionaux de tisser des relations avec de nouvelles structures et d’avoir des points de chute pour l’organisation d’événements comme des journées handinautiques, des raids…

Plus d’infos : handisport-nature.org

AVIS D’EXPERT

SPÉLÉOLOGIE ET CANYONISME, DES DISCIPLINES QUI S’ADAPTENT

« Notre objectif est de permettre aux personnes handicapées de pratiquer la spéléologie. » Serge Fulcrand, conseiller technique national de la fédération de spéléologie, en charge du dossier « Pratique pour tous », résume la volonté de l’instance. En 2010, « nous avons proposé une formation à nos cadres sur les lois concernant le handicap. Et une autre, en nous appuyant sur un plateau médical, afin qu’ils cernent mieux les différentes catégories de handicap. » En 2014, la fédération a établi des fiches techniques pour définir quelles étaient les grottes les plus accessibles. 18 documents existent pour la spéléo et autant pour le canyoning. « Nous choisissons des grottes avec une entrée en haut et une en bas pour les tétraplégiques. Les déficients visuels s’aidant des parois, sont mieux dans des grottes étroites. » La fédération a aussi créé un baudrier spécifique. « Il compense le déplacement du centre de gravité, modifié chez les personnes handicapées des membres inférieurs. » Lambition : recenser deux à cinq sites par département où la spéléologie est pratiquée, d’ici cinq à six ans. www.ffspeleo.fr

© FF Spéléologie

DECATHLON, RECRUTE DES PASSIONNES DE SPORT

DECATHLON, C’EST :

  • 200 MÉTIERS
  • 480 MAGASINS
  • 15 PAYS
  • VENDEUR(SE) SPORTIF(VE), HÔTE(SSE) DE CAISSE, RESPONSABLE DE RAYON EN MAGASIN
    (FRANCE ENTIÈRE)
  • MAGASINIER(ÈRE), RESPONSABLE LOGISTIQUE EN ENTREPÔT (FRANCE ENTIÈRE)
  • INGÉNIEUR SI, INGÉNIEUR PRODUIT, DESIGNER, MODÉLISTE, … (LILLE)

Depuis plusieurs années, DECATHLON , leader européen de la distribution et de la conception/production d’articles de sports, développe les initiatives qui favorisent l’insertion des personnes en situation de handicap. C’est parce que nous sommes convaincus qu’il est tout à fait possible de conjuguer sa passion sportive, son envie de progresser et de travailler malgre les diferences, que nous vous invitons à nous CONTACTER !

VOTRE PROFIL

  • VOUS AVEZ LES VALEURS DU SPORT,
  • VOUS AIMEZ LE CONTACT CLIENT,
  • VOUS AVEZ LE SENS DU SERVICE ET L’ESPRIT D’ÉQUIPE

REGARDS CROISÉS

Depuis 2008, le comité départemental du Gard organise un raid nature ouvert aux valides et aux personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, l’événement propose quatre raids différents, dont un 100 % valide. Un vrai exemple d’intégration inversée réussie. Carole Coutenson, pur produit du handisport, adepte du rendez-vous, et Vivien Fournier, agent de développement du comité, témoignent.

Carole Coutenson, 41 ans, maman de trois enfants :

« Paraplégique après un accident survenu quand j’avais 17 ans, je suis restée dans le Gard pour le Handisport. Le mouvement m’a redonné envie de faire quelque chose de ma vie. J’ai vite été initiée au ski et à la plongée sous-marine. Je participe à de nombreux raids, comme celui pleinenature du Gard. J’ai raté la première édition, mais les échos ont été tellement positifs que je me suis inscrite sur la deuxième. Depuis, je n’en ai pas manqué un. C’est vraiment fabuleux. J’y pratique des sports que je ne peux pas faire seule, je découvre ou redécouvre des sites où je ne pouvais pas ou plus aller. C’est très émouvant et humainement très touchant car cela est rendu possible grâce à l’équipe. J’ai aussi accès à du matériel haut de gamme, prêté par l’organisation de ce raid où chacun, débutant ou confirmé, handicapé ou valide, trouve son bonheur. Chaque année, l’événement grandit et offre de nouveaux parcours. Ce raid permet aussi de lutter contre l’isolement : le comité trouve des bénévoles ravis d’accompagner les participants. C’est comme ça que j’y ai pris part la première fois. »

Vivien Fournier :

« Le raid pleine nature, dont la première édition au Pont du Gard a fait sensation, fêtera ses huit ans les 30 et 31 mai prochains. Au menu, quatre raids, deux le samedi et autant le dimanche. L’objectif est vraiment de mixer les publics. Le raiddécouverte du samedi regroupe des équipes de trois avec une personne handicapée et deux valides. Ce même jour, il y a un raid famille. Chaque équipe doit compter au moins une personne de moins de 18 ans. Mais il n’y a pas d’obligation d’avoir au moins une personne handicapée dans l’équipe. Le lendemain, place aux raids aventures. Le premier, disputé par équipe de quatre (avec un participant handicapé), est une vraie compétition où les épreuves s’enchaînent pendant 3 à 5 heures, le second est un raid 100 % valide, à réaliser en duo. Initié par Serge Garnier, le président du CDH 30, ce rendez-vous nature est devenu incontournable dans la région Languedoc-Roussillon. Il permet aux participants, 150 l’an dernier, de pratiquer plusieurs sports comme le canoë-kayak, la course d’orientation, le fauteuil tout terrain. Il est ouvert à tous types de handicap (80 % de moteurs, 20 % de déficients visuels et 10 % de déficient auditif). L’étiquette handisport contribue à son essor et sa réussite car le matériel est fiable, adapté au nombre et aux besoins des concurrents. L’encadrement est formé au public et aux disciplines proposées. Le raid, jamais organisé au même endroit, valorise des sites touristiques entièrement accessibles. Le nombre de participants croît sans cesse. »