Mieux comprendre : la classification pour les nuls

L’une des particularités de la compétition handisport est l’existence des catégories de handicaps et l’attribution d’un statut. C’est l’impact de la lésion sur la réalisation du geste technique au sein d’une discipline qui définit la classification. Ce système de classes permet d’évaluer le potentiel physique de chaque compétiteur afin de leur permettre de se classer uniquement sur leur seule valeur sportive.

La classification est effectuée par une équipe de classificateurs comprenant au moins un médical et un technicien. Si le rôle du médical se limite à la vérification de la lésion, le technicien lui, évalue le potentiel technique nécessaire à la bonne pratique de la discipline.
Comment comparer un sprinteur amputé d’une jambe avec un autre ayant une arthrodèse du genou ou encore avec un autre présentant une hémiplégie ? Réaliser un classement juste à l’issue d’une course regroupant des sportifs présentant autant de handicaps différents est tout simplement impossible. Tel est le défi que permet de réaliser la classification.

La classification : justice et équité
La procédure de classification est un système créé par les instances internationales qui permet aux athlètes concourant dans une même catégorie d’avoir des aptitudes fonctionnelles identiques ou similaires. « Pour organiser une compétition, établir un classement et attribuer des titres, il faut pouvoir comparer les sportifs », situe Vincent Ferring, classificateur international en athlétisme et kinésithérapeute pour la Fédération. « Des catégories s’imposent. Il faut les définir. Il faut donc créer des règles valables pour tous et structurer la procédure ». La classification n’est pas attribuée automatiquement comme peuvent l’être les catégories d’âge. Elle se base sur des données médicales et fonctionnelles.Pour cela, le sportif est évalué et observé par un panel d’une à trois personnes : un classificateur médical ou paramédical, accompagné très souvent d’un classificateur technique pour la plupart des sports. Quand il n’y a que des médicaux (tir à l’arc par exemple), il doit également être spécialiste de la discipline. « La classification mesure le handicap, soit l’impact de certains déficits (physique, visuel ou auditif) liés à une maladie innée ou acquise, sur le geste technique », poursuit Vincent Ferring. Un bi-amputé des membres inférieurs est-il plus ou moins gêné dans la pratique de son sport qu’un amputé d’un membre ? Le principe n’est pas de créer une catégorie par personne mais de définir le minimum de classes nécessaires pour respecter l’esprit sportif et appliquer la justice. « C’est le moyen pour s’assurer que l’on transmet les valeurs du sport. »

À chaque sport ses règles
La classification assure et garantie l’équité. Elle s’appuie sur des codes de classification. « Les règles sont les mêmes pour tous les pratiquants d’un même sport. Chaque discipline possède ses propres critères de classification et ses propres règles car l’impact de la déficience varie d’un sport à l’autre. Les noms des classes sont souvent liés à la discipline (S1, S2… pour Swimming, natation en anglais, T1 en athlétisme pour Track). » Prenons l’exemple d’un sportif amputé d’un avant-bras. Il n’est pas éligible pour le marathon à l’international, mais il l’est pour pratiquer la natation en compétition internationale.

Quels sportifs sont concernés ?
Tout compétiteur en situation de handicap souhaitant pratiquer dans le mouvement sportif handisport doit être classifié. Un sportif doit obligatoirement se voir attribuer une classe avant de disputer ses premières compétitions nationales. « La classification est une porte d’entrée à la pratique compétitive au sein du mouvement, du niveau débutant aux Jeux Paralympiques », résume Vincent Ferring. Il existe trois niveaux de classification : régional, national et international. La classification internationale est la dernière recevable car elle est gérée par les instances de références. Cela signifie que la règle internationale doit être appliquée au niveau national. Néanmoins, les enjeux au niveau national et au niveau international peuvent différer.

"Comment comparer une sprinteuse amputée d’une jambe avec une autre ayant une arthrodèse du genou ?"

Enjeu national : favoriser la pratique du sport
Un des objectifs fédéral est de proposer une activité sportive, en loisir ou en compétition, à toutes les personnes en situation de handicap.
En effet, il est important de rappeler que toute personne en situation de handicap n’est pas forcément éligible à la pratique sportive handisport en compétition internationale dans toutes les disciplines. La France se réserve le droit, pour des enjeux de développement et d’accès à la pratique pour tous, de créer des classes nationales complémentaires aux classifications internationales. Ces classes sont valables exclusivement sur le circuit national. Par exemple en France, la commission sportive de la boccia a établi un circuit de compétitions « NE » (Non Eligible). Il est destiné à des sportifs ayant envie de pratiquer ce sport mais dont la déficience n’est pas reconnue par le système de classification internationale.

Enjeu international : attribuer des médailles, classer les pays
La fédération internationale et l’IPC (Comité Paralympique International) fixent les limites et organisent les compétitions sur la scène mondiale pour les sportifs éligibles. Il est donc important de créer un parcours de classification au sein de chaque commission sportive nationale ou de chaque fédération délégataire. L’IPC préconise donc aux dirigeants de ces commissions et/ou fédérations de s’appuyer sur des classificateurs internationaux, voire de s’entourer de classificateurs internationaux étrangers, en leur sein afin d’attribuer dès son entrée dans le mouvement la catégorie la plus juste possible aux sportifs et son statut afin de lui éviter toutes désillusions, en cas d’évolution lors de sa première classification internationale.

Pas de classification définitive avant la majorité
L’attribution d’une classe sportive doit être accompagnée d’un statut qui définit la longévité de cette classification. Il existe plusieurs niveaux : Nouveau, Révisable (avec ou sans date), Confirmé. Un jeune sportif bénéficiera d’une classe provisoire et d’un statut « révisable avec date ». Une pathologie évolutive demandera une révision régulière. Si un sportif est sujet à une aggravation ou une amélioration de ses capacités fonctionnelles, il peut être amené à repasser en classification. Avant sa première compétition, le sportif handisport fournit un dossier médical, avant de passer devant un panel de classificateurs qui lui attribue une classe définitive, temporaire ou réévaluable. « Mais on n’attribue jamais une classe définitive à un mineur », précise Vincent Ferring. « Un enfant va grandir, il est souvent débutant. On ne veut pas que des facteurs liés à l’immaturité sportive amènent le panel à le placer dans une catégorie qui ne serait pas la sienne à l’âge adulte ».
Il existe aussi une classification multisports pour certaines épreuves et certaines disciplines du programme « Jeunes » loisir et pré-compétition. Elle se base sur les capacités fonctionnelles des sportifs. Elle est multisports et multi-handicaps. Cette procédure, accessible à tous les encadrants, permet de respecter l’esprit sportif de l’événement.

En savoir plus
Rendez-vous sur www.handisport.org, rubrique “Performance”, puis “Handicap et classification”

Vocation

Comment devenir classificateur ?

Il existe deux profils de classificateurs selon les disciplines : le classificateur médical (kinésithérapeute, médecin…) et le classificateur technique. Il fait partie intégrante de la commission sportive dans laquelle il exerce ses fonctions. Les candidats déposent leur candidature auprès de la commission sportive de leur discipline. Celle-ci met en place une ou plusieurs formations spécifiques aux caractéristiques de la discipline. Le classificateur est un acteur officiel de la fédération, comme un juge ou un arbitre.

Prenez contact avec nous sur : www.handisport.org/handisport-family