Frédéric Sanaur, partenaire du sport

Créée le 24 avril 2019, l’Agence Nationale du Sport (ANS) réunit quatre acteurs économiques : l’État, le mouvement sportif, les collectivités territoriales et le monde économique. Ses missions, être un levier pour accompagner les politiques publiques et porter les objectifs fixés par la Ministre des Sports en matière de haut niveau et de sport pour tous avec comme horizon Paris 2024. Rencontre avec Frédéric Sanaur, directeur de l’ANS.

Que représente l’ANS dans le paysage institutionnel de la gouvernance ?
Elle est la synthèse du courant et des acteurs du sport en France. On compte en son sein, 12 membres fondateurs à travers quatre acteurs économiques. Nous souhaitons devenir le partenaire du sport en France avec l’ambition d’aller chercher 3 millions de pratiquants supplémentaires d’ici 2024, et également de performer aussi bien aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Aujourd’hui, l’Agence est acceptée et a fait sa place dans l’écosystème du sport français. Il y a eu une période difficile car on a fait changer le modèle, transformé l’existant. L’ambition est de réformer l’ensemble du système. C’est dans cette dynamique là qu’on s’inscrit. Avec le temps, c’est vraiment l’orientation et le sens que l’on prend.

De quels moyens humains et financiers dispose-t-elle ?
L’ANS, c’est un budget de plus de 293 millions d’euros annuels. Un tiers dédié au haut niveau et à la haute performance et deux tiers au sport pour tous et au développement des pratiques sportives. Nous avons 44 collaborateurs travaillant sur différentes missions : développement, haut niveau, missions administratives. On est soutenu et accompagné dans la mise en oeuvre de la politique de l’Agence par les services déconcentrés de l’État, à savoir la direction régionale Jeunesse et Sport et les directions départementales.

Est-il prévu une montée en puissance de ces moyens ?
Nous aurons besoin d’un accompagnement humain renforcé pour pouvoir répondre à l’approche qualitative que l’on développe, à savoir un accompagnement renforcé des acteurs du sport, mais aussi l’accompagnement et le suivi du volet territorial de l’action de l’Agence. En 2019, on a surtout stabilisé et posé l’organisation nationale de la nouvelle gouvernance du sport. Aujourd’hui notre ambition et notre objectif prioritaire est d’installer la déclinaison territoriale. Concernant les moyens financiers, on est sur un fonctionnement annuel. Avec une dotation de l’État qui dépend du projet de loi de finance voté chaque année. On ambitionne une montée en charge progressive jusqu’en 2024. C’est un point d’étape majeur. L’Agence a été créée pour développer l’héritage en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 en développant la pratique sportive en France, en contribuant à donner une place encore plus forte au sport dans notre société et surtout à accompagner les acteurs du haut niveau à performer le plus possible, avec la médaille la plus belle pour le maximum d’athlètes.

"L’Agence a fait sa place dans l’écosystème du sport français."

Les partenaires représentatifs de l’Agence Nationale du Sport sont-ils invités à contribuer au financement du sport dans le cadre de la gestion de l’ANS ?
L’ensemble des acteurs du sport participent déjà au financement du sport. Les collectivités contribuent au quotidien et de manière très importante, le mouvement sportif également avec des aides publiques et des fonds propres qui sont positionnés sur l’organisation de la pratique, organisation des compétitions. De même pour le monde économique et le développement économique à travers les entreprises du sport. L’ambition est de croiser les actions, les politiques, afin de les mettre en cohérence et être complémentaires. En construisant une politique nationale et territoriale cohérente tout le monde peut garder son identité et ses spécificités territoriales. En ce qui concerne l’ANS, il y a un partage et une mobilisation collective sur certains projets lorsqu’il nous semble opportun de croiser nos financements. Pour le reste, la dotation et le budget de l’Agence est déjà significatif et nous permet d’avoir une action suffisamment forte. L’ambition complémentaire par rapport à ce qui existait dans le passé, notamment à travers le Centre National pour le Développement du Sport (CNDS) c’est d’avoir un volet partenariat au sein de l’action de l’Agence et dans le budget de l’Agence avec des objectifs de recettes financières en développement, des partenariats privés, soit à travers du sponsoring soit à travers du mécénat. C’est un travail déjà engagé avec les équipes internes qui devrait apporter des résultats dans les prochains mois ou les prochaines années.

En 2020 le déploiement du Projet Sportif Fédéral CAP24 a permis de mener avec succès deux campagnes d’aides financières à destination de nos territoires et clubs à l’échelle nationale. La déclinaison de l’ANS en local autour des acteurs territoriaux institutionnels et économiques est en cours. Elle devrait donner jour à des organisations partagées. Que pouvons-nous attendre de ces collaborations territoriales ?
On a engagé dès la création de l’Agence le lancement des projets sportifs fédéraux qui sont la première brique. Avec une volonté d’autonomisation du mouvement sportif à travers des aides existantes au CNDS, aujourd’hui pilotées par les fédérations en direction de leurs clubs dans une logique de services aux membres et d’interactions plus en proximité avec les clubs pour pouvoir déployer une politique de développement et une stratégie de développement de la pratique sport par sport, fédération par fédération. Nous avons mené une expérimentation qui a très bien fonctionné en 2019 et que nous avons généralisée en 2020. En passant de 29 structures nationales à près de 80. Aujourd’hui, on est dans la phase de construction, après cette première année de création de l’Agence, de déclinaison territoriale avec la volonté que les conférences régionales du sport s’installent d’ici la fin de l’année 2020 et que l’on puisse ensuite installer des commissions thématiques qui donneront lieu à l’installation des conférences de financeurs. Nous sommes en train de préfigurer cette gouvernance partagée. On a dans les territoires une politique d’équipement, d’emploi, pilotée directement par les directions régionales Jeunesse et Sport en lien beaucoup plus marqué avec le mouvement sportif, le monde économique et les représentants des collectivités. L’objectif est d’installer parallèlement des conférences territoriales, afin que les stratégies de développement du sport au niveau régional et l’ensemble des collectivités puissent s’écrire pour définir des lignes de force dans les territoires. Le but est que les collectivités territoriales et le mouvement sportif territorial puissent croiser leurs objectifs prioritaires de manière à ce qu’ils les mettent en cohérence et les déploient de manière collective. Cette organisation doit se faire de manière progressive, pour que chaque acteur identifie ses propres stratégies et priorités. Une fois les priorités identifiées, on peut les croiser et les rendre les plus effectives possibles voire de les amplifier, car très souvent ses priorités vont se recouper. On a aujourd’hui des professionnels du sport et des techniciens, des élus, des bénévoles dans l’ensemble des territoires. L’objectif est de croiser les points de vue pour construire ensemble une trajectoire commune et surtout la mettre en oeuvre de manière collective. Ce travail-là sera fait. La question qui reste c’est en combien de temps. C’est là où l’on souhaite pouvoir garder une dynamique assez forte pour que l’organisation soit pleinement en place dans les prochaines années et que l’on en voit les premiers bénéfices d’ici 2024.

L’emploi local au sein de nos structures est fondamental. Il se caractérise pour un grand nombre d’entre eux sur les financements de l’Agence du Sport, qu’en est-il de la pérennité de ces subventions sur nos emplois aidés ?
Sur la politique emploi que l’on développe au sein de l’agence, toujours dans cette volonté de professionnaliser le mouvement sportif et d’accompagner sa structuration, on a un peu plus de 5 000 emplois cofinancés par l’Agence chaque année avec une majorité d’emploi d’éducateurs et d’entraîneurs. Depuis cette année, il y a la possibilité d’avoir recours à des chargés de développement sur les clubs, les comités, les ligues. Avec là aussi l’objectif de construire des projets et une offre complémentaire ou nouvelle prenant davantage en compte les attentes des pratiquants. On continue à s’inscrire dans cette logique. On va encore renforcer les financements sur l’emploi. On était à un peu plus de 46 millions d’euros en faveur de l’emploi. On intégrera des budgets supplémentaires, notamment pour la logique d’une reprise d’activité associative en septembre, pour être plus présent et permettre à toutes les structures qui souhaiteraient avoir recours à des emplois aidés de pouvoir le faire et d’avoir notre soutien. On est pleinement engagés dans la logique d’emploi dans le sport, notamment l’emploi des jeunes. Pour 2021, bien entendu c’est une politique que l’on poursuivra. Cela fait partie de notre priorité et nous y porterons une attention toute particulière.

Un mot sur la Fédération Française Handisport…
On est en relation très forte avec la FFH et l’ensemble de l’équipe technique, sa présidente Guislaine Westelynck, et avec la direction technique nationale. La FFH porte de nombreux enjeux. Aussi bien sur la place du sport dans notre société pour les personnes en situation de handicap que sur les résultats sportifs français aux Jeux Paralympiques. On est en interaction permanente, avec une volonté de performer, de se développer, de travailler de manière la plus interactive possible avec l’ensemble de l’écosystème du sport français. On est dans une logique partenaire. On continuera à l’être pour chercher ensemble le maximum de résultats.

L'équipe Français de football handisport, Copyright disponible après l'image

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www.agencedusport.fr

// Propos recueillis par Angeline Guyon

Bio & repères



Frédéric SANAUR

Directeur Général de l’Agence Nationale du Sport depuis janvier 2019

Parcours

  • 2018 : Directeur général de la Fédération Française d’Athlétisme
  • 2017 : Directeur des Relations internationales et des Grands événements sportifs internationaux à la Direction des Sports - Ministère des Sports
  • 2016 : Conseiller grands événements et candidature olympique et paralympique 2024 au Cabinet du Secrétaire d’Etat aux Sports
  • 2011 - 2016 : Directeur des Sports au Conseil régional Île-de-France
  • 2009 - 2011 : Directeur Jeunesse et Sports, Mairie de Montgeron (91)
  • 2007 - 2009 : Chef du service gestion des installations sportives et des événements à la Direction des sports de la Mairie de Saint-Denis
  • 2005 – 2007 : Chef de projet Coupe du monde de rugby 2007 à la Mairie de Saint-Denis
  • 2004 - 2005 : Chargé de mission à la Direction des Sports de la Mairie de Saint- Denis
  • 2004 : Master 2 en Administration et Gestion des organisations au sein de l’Université Paris Est / Val de Marne
  • 2003 : Service Événementiel du Consortium Stade de France