Déconfinement et reprise : vigilance, adaptation et motivation !

Les différentes phases de déconfinement ont permis une reprise progressive de l’activité physique. Une reprise assez hétérogène selon les sports, les niveaux de pratique et l’autonomie liée aux handicaps. Mais aussi en fonction de l’environnement climatique et humain et de la mise à disposition des installations. Autant de facteurs qui ont pu influer sur la motivation et l’envie de reprendre.

Déconfinement a souvent rimé avec soulagement. Si la reprise sportive ne s’est pas effectuée au même rythme pour tous les licenciés de la FFH, la grande majorité des adhérents a pu renouer avec une activité physique avant les grandes vacances. Même si ce n’est pas celle qu’ils pratiquent généralement ou qu’ils ne sont pas toujours sur leurs terrains de jeux habituels, le plaisir et l’envie sont de mise. L’initiative « Clubs Solidaires Handisport », mise en place du 2 juin au 31 août 2020 (lire pages 44 et 46), a donné de l’élan aux dirigeants et aux sportifs recherchant surtout le plaisir. Cela permis de contourner en partie la réduction du nombre de pratiques, de répondre à un besoin croissant de bénévoles pour dédoubler les groupes et faire respecter les sens de circulation. Des protocoles souvent difficiles à mettre en oeuvre, quelque soit la discipline, mais pourtant essentiel à respecter.

Les clubs handisport, sources de lien social

Associations, sections et clubs se sont aussi diversifiés. L’association Accessvie, à Saint-Gilles Croix de Vie, en Vendée, a proposé de la gym douce aquatique à la sortie du déconfinement. « J’ai eu l’occasion de croiser des adhérents habituels qui n’osaient pas trop aller à la plage pour se baigner », explique Guillaume Bossard, coordinateur de l’association. « J’ai donc proposé d’animer des séances au Boisvinet, dans un lac semi-naturel de 96 m sur 30, avec des roches sur certains côtés. L’endroit est aussi pratique, sympa et totalement sécurisé. Nous avons ainsi répondu à une vraie demande et évité que des licenciés s’isolent et perdent leur envie. » Des actions qui ont permis de ne pas boucler la saison sur des annulations, la reprise coïncidant parfois avec les vacances… « C’est très important dans l’optique de la rentrée », assure Marie-Amélie Le Fur, athlète des Bleus et présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF). « Cela remet le lien social au coeur de l’activité et démontre aux licenciés la capacité des clubs à s’organiser pour respecter le protocole sanitaire. De les rassurer pour qu’ils reviennent dans nos structures sans crainte après l’été. » Les rires et la convivialité entourant ces premières sorties post-confinement en attestent.

"Nous avons évité que des licenciés s’isolent et perdent leur envie."

Les sportifs de haut niveau, eux, ont généralement pu bénéficier de dérogations, quand le plan de déconfinement fédéral l’autorisait, pour reprendre dès la mi-mai. Une fois les nouvelles dates des Jeux Paralympiques actées (24 août au 5 septembre 2021), l’élite handisport a soufflé. « Cela nous offre du temps supplémentaire. Avoir une parenthèse comme celle-ci en pleine carrière est très rare », note le pongiste Maxime Thomas. « La motivation est régénérée par cette période qui a mis un baume sur l’usure mentale. » L’envie a pris le pas sur les contraintes liées au protocole sanitaire et sur l’incertitude concernant les calendriers et le chemin de sélection. « C’est une difficulté mais on doit s’y adapter. Et ne pas perdre de vue que nous avons pour objectif les Jeux de Tokyo et l’été 2021 », relativise Marie-Amélie Le Fur, 32 ans et octuple médaillée paralympique. L’athlète blésoise a rapidement effectué les démarches pour retrouver un stade d’athlé, sa salle de musculation et le CREPS de Talence avec son entraîneur Jean-Baptiste Souche. « J’avais ressenti de l’usure en fin de confinement à cause du manque de variété des séances. Retrouver la piste, la salle et mes entraîneurs en direct a été une vraie bouffée d’oxygène. On a pu se projeter sur des séances plus pertinentes. » Avec son entourage, elle planche sur une planification en phase avec son triple statut de sportive de haut niveau et de mère qui travaille. « Le rythme va être très soutenu », développe Marie-Amélie Le Fur, qui devait arrêter après Tokyo 2021. «  Mais j’ai besoin de continuer pour ne pas terminer ma carrière sur un non-événement. »

Du temps pour travailler différemment

Alors qu’ils s’apprêtaient à lancer le sprint final de leur préparation ou qu’ils allaient abattre leur dernière carte pour décrocher leur qualification paralympique, les sportifs doivent repartir pour une course de fond. « Ce n’est pas franchement un problème », assurent-ils d’une seule voix. Le temps est un allié pour travailler des choses nouvelles, mettre l’accent sur d’autres aspects de la préparation (travail mental, de relaxation, imagerie mentale, renforcement musculaire…), parfois laissés de côté, faute de temps. « C’est motivant de mesurer ce que ça va nous apporter », ajoutent-ils. Prépondérants pendant le confinement, les entraîneurs et l’entourage ont encore un rôle majeur à tenir. « Jean-Baptiste s’est démené pour me permettre de revenir au plus vite au CREPS de Talence », indique Marie-Amélie Le Fur. Pour les sportifs contraints de patienter plus longtemps, l’encadrement a su maintenir une dynamique de travail cohérente et efficace. Olivier Cusin et son staff ont organisé, pour le collectif France de rugby-fauteuil, des séances d’analyse vidéo par visio, une fois par semaine. Le rendez-vous est désormais installé. La nouveauté est un élément majeur pour relancer et nourrir la motivation. Cela vaut pour tous. Romain Didio, pour la Ligue AURA, a découvert de nouvelles randonnées. « Cela permet de situer les profils de personnes que l’on peut emmener et le nombre de bénévoles idoine. Cela favorise la motivation de tous. » Communiquer avec justesse des informations sportives y contribue aussi. « Les joueurs de l’équipe de France ont quasiment pu tous reprendre plus ou moins normalement », explique Marie-Pierre Leblanc, head-coach de la boccia, une discipline réunissant des sportifs en situation de grand handicap, nécessitant, dans certaines catégories, un assistant. « Ils ont bien compris les enjeux autour de leur reprise. Mais leur donner un calendrier prévisionnel a été salutaire. Cela permet de sortir des échanges portant uniquement sur leur santé. » Les déficients visuels, à tous niveaux, ont aussi dû patienter pour reprendre. « Je n’ai jamais senti de baisse de motivation dans mon collectif mais un peu de frustration puisqu’ils étaient privés de jeu », lance Charly Simo, directeur sportif du cécifoot. « Ils se sont sentis dépendants alors que dans la vie de tous les jours, ils sont en quête d’indépendance. » Le stage du 16 au 19 juillet, organisé à Lille, a remis tout le monde en route. Un stage avant lequel tous les participants ont effectué un test PCR. « Les non-voyants et malvoyants ont besoin de toucher, d’être guidés », rappelle-t-il. « Tous doivent être parfaitement rassurés. » Dans un contexte inédit et encadré, tous les acteurs du mouvement peuvent agir pour favoriser la motivation des licenciés en compétition et loisir.

// Julien Soyer, avec la participation de Norbert Krantz, directeur des équipes de France des sports d’été