Santé : psychologue clinicien dans le sport

Le rôle du psychologue clinicien suscite autant d’intérêt que de rejet. Chacun d’entre nous s’est construit une représentation de ce métier, nourrit à la fois de son expérience de vie (rencontre avec un psychologue pendant l’enfance, discours des proches, etc.) et d’un imaginaire collectif (l’image du psychologue – psychanalyste silencieux installé derrière un divan).

Ces deux dernières années, l’épidémie de la COVID, source de stress et d’incertitude, a ouvert la voie vers la nécessité d’une prise en charge psychologique pour répondre à des symptômes tels que l’anxiété ou encore la dépression. Dans cette période compliquée les psychologues sont plus que jamais sollicités et considérés comme une solution face à la souffrance psychique et au besoin de soutien relationnel. Mais le psychologue clinicien peut aussi être interpellé dans une démarche de connaissance de soi, d’amélioration de ses relations ou de ses compétences relationnelles.

Comprendre et connaître son fonctionnement

Dans le milieu sportif, la parole des athlètes se libère progressivement notamment sur le tabou de l’épuisement 1. Ce milieu reste porteur de valeurs fortes autour de la performance et du dépassement de soi et la question du mal-être reste à la marge. Le psychologue du sport accompagne un objectif de performance dans une recherche d’optimisation des capacités psychiques de l’individu vers la réussite. Mériem Salmi, responsable du suivi psychologique à l’INSEP de 2000 à 2013, experte à l’INSEP de 2017 à 2021, membre de la délégation française aux Jeux Olympiques de Pékin et de Tokyo et psychologue clinicienne dans le milieu sportif, accompagne les sportifs de haut niveau depuis plus de 30 ans. Bien que la dimension sportive soit centrale auprès des athlètes, elle s’intéresse également à l’équilibre personnel et relationnel de ces derniers. « C’est un milieu d’excellence où la logique, et le paradoxe, est que plus on pousse loin son corps et sa tête et plus on se fragilise. Par conséquent l’accompagnement psychologique est une nécessité dans ces milieux d’élite. », insiste la clinicienne. « Il est important de bien connaître et comprendre son fonctionnement pour pouvoir prendre soin de soi et développer des compétences notamment pour savoir gérer ses émotions. Le monde du sport est un monde de hautes turbulences émotionnelles, on vit des choses fortes, intenses qui nécessitent un apprentissage adapté.» Aller vers un psychologue, « est une démarche courageuse qui vise le développement d’une intelligence (…) entendue comme le développement de ses capacités d’adaptation », souligne Mériem Salmi.

Caroline Olejnik

Caroline Olejnik est psychologue clinicienne et institutionnelle et membre de la Commission médicale de la FF Handisport. Elle accompagne des personnes en situation de handicap de puis plus de 20 ans.

Mériem Salmi

Mériem Salmi est psychologue psychothérapeute et a travaillé pendant plus de 20 ans à l’INSEP. Elle accompagne de nombreux champions. Elle est également l’autrice du livre « Croire en ses rêves et trouver son chemin ».

À la recherche d’un mieux-être

Cet accompagnement concerne aussi les encadrants et entraineurs qu’elle rencontre à leur demande lorsqu’ils souhaitent enrichir leur connaissance de la nature humaine et ainsi être plus compétents. Elle favorise « leur capacité à mieux interpréter le comportement » pour une attitude juste auprès des athlètes. Aller à la rencontre d’un psychologue, c’est prendre du temps pour soi, accepter de questionner son mode de fonctionnement et rechercher un mieux-être personnel et relationnel. Ces éléments sont plus que jamais nécessaires et complémentaires aux techniques de préparation mentale. Le travail psychologique permet de mettre en place des mécanismes d’adaptation tels que la capacité à inventer des routines, guider son attention, se remettre en question sans perdre confiance en soi. // Remerciements à Caroline Olejnik et Mériem Salmi

1. “Le burn out des sportifs de haut niveau”, émission “Le Téléphone Sonne” du 7 juin 2021 sur France Inter, accessible en podcast.

Sites et numéros utiles

Psycom
Recense toutes les lignes d’écoute en fonction de la difficulté rencontrée
www.psycom.org/sorienter/les-lignes-decoute

Trouver un psy
www.trouver-un-psy.fr
www.psychologues.org

Société française de psychologie du sport
www.sfpsport.fr

Définitions

Focus sur les psys

Psychiatre
Médecin qui a suivi des études de psychiatrie et apte à délivrer des médicaments. Certains pratiquent la psychothérapie.

Psychologue clinicien
Le psychologue est titulaire d’un diplôme universitaire en psychologie (Master ou Doctorat). Il s’est spécialisé dans un ou plusieurs domaines de la psychologie. Il conçoit et met en place des actions de prévention et de soin. Son objectif est d’accompagner des personnes qui le souhaitent sur un chemin de connaissances et de responsabilité. Le bien-être du patient est au coeur de son métier. Le titre de psychologue est un titre protégé (formation licence et master 2 en psychologie), régit par un code de déontologie.

Psychologue du sport
C’est un psychologue avec une spécialisation en psychologie du sport. Ce praticien travaille à mieux connaitre les déterminants et les conséquences de la pratique du sport. Il étudie les facteurs déterminants de la réussite, de la performance et applique ces connaissances pour optimiser l’entrainement des sportifs.

Préparateur mental
Il est formé aux techniques permettant un apprentissage technique et des stratégies permettant au sportif de progresser et de gérer sa performance. Il peut être formé aux techniques de préparation mentale.

À savoir : le préparateur mental / coach mental n’est pas un psychologue et ces titres ne sont pas réglementés en France.