Hommage à Christian Paillard


Alain Siclis connaissait Christian Paillard depuis de nombreuses années. Il rend hommage à son collègue, mais surtout ami, disparu le 25 novembre dernier à l’âge de 73 ans avec qui il a notamment écrit “Les Chroniques du Mouvement Handisport”, avec la complicité de François Luquet.

En 1968, international de judo, ancien champion de France dans sa catégorie de poids, et préparant le professorat d’éducation physique, Christian Paillard s’impliqua comme bénévole dans l’animation des séances d’activités physiques à l’Amicale Sportive des Mutilés de France. Cette initiative fut fortement encouragée par son père, où Marcel Avronsart, son collègue de bureau, alors président de la Fédération Handisport de l’époque, recherchait des moniteurs et des bénévoles pour encadrer et structurer le mouvement.

Marcel Avronsart le présenta à Philippe Berthe, président fondateur de la FFH, qui lui confia alors l’encadrement de l’athlétisme. Pionnier dans le domaine, c’est en tant qu’autodidacte qu’il organise le dimanche matin à l’Institut National des Sports (devenu INSEP) des séances d’athlétisme et de gymnastique qui attirent au bout de quelques mois une soixantaine de pratiquants en situation de handicap. Etant un des rares diplômés en éducation physique impliqué dans le mouvement, Christian s’engage dans la structuration progressive du handisport.

En 1972, il s’implique fortement dans l’organisation des championnats de France d’athlétisme à Dreux, où il participe à la mise en place d’un système de classification des compétiteurs. Il s’agit, non sans mal, d’adapter les règlements de la Fédération Française d’Athlétisme. La même année, lors des jeux paralympiques de Heidelberg, il est témoin du sit-in des amputés qui revendiquent leur participation à ces Jeux, exclusivement réservés aux fauteuils roulants. Ils obtiendront gain de cause quatre ans plus tard lors des Jeux de Toronto.

En 1975, Christian Pillard accepte un détachement en tant que Conseiller Technique Régional (CTR) auprès de la Fédération et convainc certains de ses collègues de s’y investir. L’année suivante, il contribue à l’élaboration de textes relatifs à un brevet d’État, option sport pour handicapés physiques et sensoriels et à sa mise en place. La première promotion voit le jour en 1979. Il devient cette même année responsable de la formation à la FFH en complément de ses responsabilités en athlétisme.Son parcours de bénévole dans un premier temps puis détaché à la Fédération l’amenèrent aux plus hautes fonctions de haut cadre technique avec comme point d’orgue sa nomination de Directeur Technique National (DTN) de la Fédération de 1995 à 2009. Christian Paillard était avant tout une énergie folle et communicative à laquelle on ne pouvait résister et ce que l’on sait peu finalement, c’est que c’est lui qui a donné ses lettres de noblesse à l’athlétisme en la constituant discipline à part entière. Pour parvenir à un tel résultat, Christian avait su créer autour de lui toute une équipe de fidèles baptisée « la bande à Paillard » dont le fantasque Amédé Brougneff, préparateur physique fleurant bon son pays de Cahors, personnage inventé de toute part par Christian qu’il mettait à toutes les sauces et indiquait comme point de contact à ses interlocuteurs qui ne le trouvaient bien sûr jamais et erraient comme des âmes en peine. Ce sont des années fantastiques et uniques vécues par toute cette « bande à Paillard ». La simplicité de Christian est la forme de la vraie grandeur. Il était un personnage marquant autant que charismatique, c’était un fédérateur et visionnaire hors pair. C’est sous son impulsion et avec le concours de Gérard Masson que nous avons formé le groupe baptisé par Laurent Allard des « dinosaures », parfois des « Muppet Show », constitué de Christian, François Luquet et moi-même, Alain Siclis, à la réalisation de l’ouvrage chronologique du mouvement handisport, « Les Chroniques du Mouvement Handisport ». Il fut aussi un acteur précieux dans la réunification en 1977 des deux anciennes fédérations concurrentes et rivales à la demande du ministre des sports de l’époque. Christian était médaille d’or de la jeunesse et des sports et Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. Partager une telle amitié et complicité avec un personnage de cette trempe est un superbe cadeau.
Profond respect Monsieur Paillard, et merci pour tout.

Consultez l’ouvrage “Handisport, les Chroniques du Mouvement, 1954-2015” : handisport.org/historique