Sportifs de petite taille pratiquer en toute liberté

Sportifs de petite taille 

Les personnes de petite taille peuvent pratiquer une quinzaine d’activités sportives chez Handisport * : athlétisme, natation, tennis de table, foot à 5… Mais dans l’absolu, comme le dit Patricia Marquis :  Aucun sport n’est interdit, on peut tout essayer ! Sous réserve de l’accord préalable de son médecin.  

 À mon époque (ndlr : Patricia est née en 1969), il ne fallait surtout pas faire de sport ! Beaucoup de médecins étaient contre. Par exemple, l’équitation, on disait que ce n’était pas pour nous. Or, moi, j’ai toujours pensé qu’il fallait nous laisser essayer. Nous connaissons suffisamment notre corps pour sentir si l’on est capable de pratiquer une activité ou pas !  Patricia Marquis, ancienne athlète de haut-niveau et désormais élue au comité directeur fédéral, a pratiqué de la danse, de la gymnastique, de la natation, de l’équitation, du canoë kayak, du basket… J’ai fait du sport très tôt, j’adorais ça. Mais beaucoup de profs de sport n’étaient pas ouverts à ça, il fallait toujours que je me justifie.
Si Patricia a pu pratiquer l’athlétisme à hautniveau, c’est parce qu’en 2001, la FFH ouvrait la classification F40 (-1,25m pour les femmes et -1,30m pour les hommes) ouvrant ainsi la voie à l’international en 2002, lors des Championnats du Monde d’athlétisme à Villeneuve d’Ascq. En athlétisme, depuis 2012, pour plus d’équité, il existe une deuxième catégorie pour les personnes de petite taille, les F41 (- d’1,37m pour les femmes, et -1,45m pour les hommes). Dans d’autres sports, comme la natation, les sportifs de petite taille ont été intégrés aux Championnats de France et compétitions internationales plus tôt. En tennis de table, une classe spécifique “Petite taille” est arrivée en mai 2005 à l’occasion des championnats de France. 

Une nouvelle génération

Pour Thomas Bouvais, pongiste de haut niveau, né en 1991, la pratique sportive n’a jamais été empêchée, mais même encouragée. Aujourd’hui, il sait comment soulager les maux liés à son handicap (achrondoplasie) : Avec l’expérience, je sais comment prévenir mes douleurs et les traiter. Mon dos est fragile, car en raison de mon handicap, j’ai une hyperlordose. Après de longues périodes d’entrainements, je peux avoir mal au dos. Maintenant, je fais attention à bien m’étirer, et j’effectue un suivi par une kiné, qui permet de détendre mon dos. Grâce à ça, je n’ai plus mal ! 

Plusieurs types de “petite taille”

L’achondroplasie, est la cause de petite taille la plus fréquente. Dans l’ouvrage édité par la FFH, “Le Sport Autrement”, elle est décrite ainsi : Elle se caractérise par une insuffisance de croissance des os en longueur, et tout particulièrement, des os des bras et des cuisses. Pour la pratique sportive, cette forme de handicap : entraîne un manque d’amplitude des mouvements des épaules et des hanches . Mais de nombreux autres types de handicaps, entrainant une petite taille existent, telles la pseudo-achondroplasie, la maladie des os de verre (appelée ostéogénèse imparfaite), les dysplasies spondylo-epiphysaires ou encore les maladies osseuses secondaires. 

Limites et bénéfices

Bien entendu, les limites sont propres à chaque type de handicap, et à chaque personne. D’où la nécessité, pour l’encadrement sportif de bien connaître les pathologies propres à chaque handicap. Dans “Le Sport autrement” :  De façon générale, l’attention doit se porter systématiquement sur le rachis, aussi bien cervical que dorsal et lombaire . Par ailleurs, la surveillance de l’état orthopédique des membres inférieurs est essentielle lorsqu’il existe des déformations (genu valgum, pieds plats…). Les bénéfices quant à eux sont nombreux : confiance en soi bien entendu, et en particulier pour les enfants qui ont parfois du mal à accepter leur différence, mais aussi rendre la vie quotidienne plus active, et encore lutter contre l’excès de poids car, malgré leur petite taille, l’appétit des personnes n’est pas forcément réduit. 

Encadrer le Haut-Niveau
Si au niveau loisirs, rien ne s’oppose à la pratique, la densité des entrainements qu’exige le haut-niveau oblige à plus de précautions, et à un encadrement formé. 

Patricia Marquis : Avec l’exigence de résultat que réclamait le haut-niveau, j’ai complété ma préparation physique par des séances de musculation. Nous avons travaillé là-dessus à deux, avec Franck Foucat, qui n’avait jamais encadré de personnes de petite taille, nous y sommes allés en douceur. Il fallait faire attention aux sections, aux poids. Les entraineurs ont vraiment envie de se former !  Il en va de même pour les entraînements techniques, les coaches s’adaptent, et apprennent.
Thomas Bouvais confirme : Moi, je pratique un sport de raquette, j’ai appris à jouer sur mon handicap avec des balles courtes, des balles longues. À force de me voir jouer, mes entraîneurs ont mis en place des protocoles pour adapter mon jeu au mieux. Par exemple, j’utilise plutôt le revers, car en coup droit, je ne peux pas utiliser toute la longueur de la table. 

Si aux Jeux Paralympiques les personnes de petite taille ne sont pas représentées dans toutes les disciplines et épreuves, en loisirs, en revanche tout est possible ! // M. Mainguy 

*Liste des sports pratiquables par les personnes de petite taille :

athlétisme, boccia (non éligible), canoë (loisirs), football, haltérophilie, natation, plongée (loisirs), randonnée (loisirs), rugby fauteuil, sarbacane, ski alpin, ski nordique, tennis de table, tir à l’arc. 

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Descriptif sous l'image
Patricia Marquis et Thomas Bouvais, respectivement aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004 et de Londres en 2012.

”Nous connaissons suffisamment notre corps pour sentir si l’on est capable de pratiquer une activité ou pas !”